Entrée à Downing Street, Liz Truss promet de sortir le Royaume-Uni de la "tempête"
Officiellement nommée Première ministre britannique, Liz Truss a promis mardi, à son entrée à Downing Street, de sortir le Royaume-Uni de la "tempête" en agissant dès cette semaine face à l'envolée des prix de l'énergie, à l'origine d'une grave crise économique et sociale.
Après une campagne menée très à droite sur la promesse de baisses d'impôts, la troisième femme cheffe de gouvernement britannique, après Margaret Thatcher (1979-1990) et Theresa May (2016-2019), entre en fonction en pleine urgence économique vue la chute historique du pouvoir d'achat provoquée par la hausse des factures d'énergie.
"Nous ne devons pas être intimidés par les défis auxquels nous sommes confrontés", a-t-elle souligné devant des dizaines de députés, qui avaient dû s'abriter d'une pluie battante quelques minutes avant son arrivée. "Aussi forte que soit la tempête, je sais que le peuple britannique est plus fort. (...) Je suis convaincue qu'ensemble, nous pouvons surmonter la tempête et reconstruire notre économie."
Elle a réitéré ses promesses d'un "plan audacieux" de baisses d'impôts et d'agir "cette semaine" pour aider les ménages étranglés par les factures d'énergie. Selon les médias britanniques elle doit annoncer jeudi un plan de plusieurs dizaines de milliards de livres pour geler les prix de l'électricité et du gaz, censés augmenter de 80% en octobre.
Celle qui était jusqu'à présent cheffe de la diplomatie, au ton volontiers belliqueux contre la Russie ou la Chine, a dit vouloir "défendre la liberté et démocratie partout dans le monde, avec (les) alliés" du Royaume-Uni.
- Johnson promet son soutien -
Au lendemain de son élection à la tête du parti conservateur, majoritaire, Liz Truss, élue par 57% des quelque 142.000 membres votants du parti conservateur, contre 43% à son rival Rishi Sunak, a été reçue au château écossais de Balmoral par la reine Elizabeth II qui avait choisi ce cadre inhabituel pour éviter de rentrer à Londres étant donné ses difficultés à se déplacer.
Les images de l'audience montrent la reine avec une canne, portant jupe en tartan et cardigan, serrant la main de celle qui est devenue le 15e Premier ministre de ses 70 ans de règne.
Deux mois après l'annonce de son départ, Boris Johnson l'avait précédée à Balmoral pour présenter sa démission, que la reine a "gracieusement acceptée".
Dans un bref discours devant Downing Street au petit matin, Boris Johnson a salué son propre bilan devant une foule de soutiens et de collaborateurs. Il s'est comparé à une "fusée ayant accompli sa mission" et rentrant dans l'atmosphère. "J'offrirai à ce gouvernement mon soutien le plus fervent", a-t-il assuré.
Exit le héros du Brexit: après trois ans et 44 jours, à peine plus que Theresa May qu'il avait remplacée en 2019, Boris Johnson a quitté ce qu'il avait qualifié de "meilleur job au monde", après une série de scandales ayant déclenché des dizaines de démissions dans son entourage proche début juillet.
- Diversité -
Liz Truss, qui affrontera dès mercredi le chef de l'opposition Keir Starmer lors de la séance de questions au Parlement, doit nommer les principaux ministres de son équipe dans la soirée et mercredi matin.
Son ministre des Finances devrait être Kwasi Kwarteng, 47 ans, jusqu'ici secrétaire à l'Energie, partisan comme Mme Truss d'un Etat plus modeste et d'une économie plus déréglementée.
Suella Braverman, 42 ans, conseillère juridique du gouvernement et initialement candidate au poste de Premier ministre, est pressentie au ministère de l'Intérieur. Très à droite, elle héritera du dossier des milliers de migrants illégaux arrivant sur les côtes britanniques, que celle qui la précédait voulait envoyer au Rwanda.
James Cleverly, 53 ans, ministre de l'Education après avoir été secrétaire d'Etat aux affaires européennes, devrait passer aux Affaires étrangères, et Ben Wallace resterait au ministère de la Défense.
M. Kwarteng est d'origine ghanéenne, Mme Braverman d'origine indienne, et la mère de M. Cleverly était originaire du Sierra Leone, une diversité inédite à ces postes clés.
Mme Truss aura fort à faire pour rassembler un parti conservateur divisé, au pouvoir depuis 12 ans, et désormais largement distancé par les travaillistes dans les sondages à deux ans de la date prévue des prochaines élections législatives.
H.Rathmann--HHA