Le pape au Kazakhstan pour une visite de trois jours, l'Ukraine en toile de fond
Promouvoir le dialogue malgré la réalité de la guerre: le pape François, toujours diminué physiquement, s'est envolé mardi pour une visite de trois jours dans la capitale du Kazakhstan, dans un contexte régional tendu par le conflit en Ukraine.
Jorge Bergoglio, 85 ans, qui se déplace en fauteuil roulant en raison de ses douleurs au genou, participera à un sommet inter-religieux à Noursoultan (ex-Astana), en présence d'une centaine de délégations d'environ 50 pays.
Principal absent de ce congrès, le patriarche orthodoxe russe Kirill, proche soutien du président russe Vladimir Poutine, a annulé sa participation sans en préciser la raison.
Si le pape a dénoncé une "guerre cruelle et insensée", Kirill, lui, a défendu "l'opération militaire" de M. Poutine et la lutte contre les "ennemis extérieurs et intérieurs" de la Russie.
Redoutée par Kiev, sa possible participation avait d'abord nourri l'attente d'une nouvelle rencontre avec François, six ans après une entrevue historique à Cuba, la première depuis le schisme de 1054 entre Eglises d'Orient et d'Occident.
La guerre en Ukraine devrait pourtant rester l'enjeu majeur de cette visite dans l'ancienne république soviétique frontalière de la Russie qui a obtenu son indépendance en 1991 avec la chute de l'URSS.
"Au cœur de ce voyage, il ne peut y avoir que le dialogue, la rencontre, la recherche de la paix entre des mondes religieux et culturels différents", a déclaré le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, Matteo Bruni.
Le pape a quitté l'aéroport de Rome Fiumicino à 07H35 locales (05H35 GMT) sur un vol ITA Airways. Il est attendu peu avant 18H00 (12H00 GMT) à Noursoultan, où il prononcera un premier discours devant les autorités et le corps diplomatique.
Allié de Moscou, M. Tokaïev a refusé de soutenir l'invasion de l'Ukraine alors qu'une importante communauté russe vit dans le Nord du Kazakhstan, faisant craindre le retour d'ambitions impériales de Moscou dans ces territoires.
- "Dialoguer entre frères" -
Ce 38e voyage à l'étranger depuis son élection en 2013 "sera l'occasion (...) de dialoguer en frères, animés par le désir commun de paix, paix dont notre monde a soif", a déclaré dimanche le souverain pontife.
Mercredi, il s'exprimera lors de l'ouverture de la session plénière du septième Congrès des religions mondiales et traditionnelles avant de célébrer une messe dans l'après-midi.
Une centaine de délégations de 50 pays participent à ce Congrès durant deux jours.
En marge du Congrès, François rencontrera également des responsables religieux en tête à tête, a annoncé le Vatican sans donner plus de détails.
Hasard du calendrier, le président chinois Xi Jinping se trouvera à Noursoultan au même moment mais aucune rencontre avec le pape n'a été annoncée jusqu'ici, au moment où le Saint-Siège cherche à renouveler un accord signé en 2018 avec Pékin.
Plus grand pays d'Asie centrale, présenté comme un carrefour interculturel riche de sa diversité ethnique, le Kazakhstan compte 18,7 millions d'habitants dont 70% de musulmans sunnites et 26% de chrétiens mais moins de 1% de catholiques.
Après son arrivée au pouvoir, M. Tokaïev a entamé une série de réformes mais le pays a été secoué début 2022 par des émeutes meurtrières qui ont brisé son image de stabilité.
Le jésuite argentin est le deuxième pape à se rendre au Kazakhstan après la visite de Jean Paul II en septembre 2001.
Diminué depuis plusieurs mois, François a admis en juillet qu'il ne pourrait "plus voyager" au même rythme qu'auparavant, disant devoir se "ménager" ou "penser à la possibilité de se mettre de côté".
F.Wilson--HHA