Victoire sans précédent de la droite et de l'extrême-droite aux élections en Suède
Un bloc inédit réunissant la droite et l’extrême droite a remporté mercredi de justesse les élections législatives en Suède, chassant du pouvoir la gauche aux commandes depuis huit ans.
Au terme d'une dernière journée de comptage du scrutin archiserré de dimanche, la Première ministre sortante, la sociale-démocrate Magdalena Andersson, a reconnu la défaite de son camp et annoncé sa démission, effective jeudi.
"Merci pour la confiance - maintenant nous allons remettre de l'ordre en Suède!", a immédiatement réagi sur Facebook celui qui doit lui succéder, le chef du parti conservateur des Modérés, Ulf Kristersson.
"Je commence maintenant le travail pour former un nouveau gouvernement efficace", a ajouté le dirigeant de droite dans un message vidéo.
Les élections de dimanche étaient si serrées qu’il a fallu attendre un comptage de quelques dizaines de milliers de voix manquantes mercredi pour valider les résultats complets.
La bascule est historique : jamais jusqu'ici un gouvernement suédois ne s'était appuyé au parlement sur les Démocrates de Suède, les grands vainqueurs des élections avec 20,6% des voix et un nouveau rang de deuxième parti du pays.
"Maintenant commence le travail pour faire que la Suède soit bien de nouveau", a réagi son leader Jimmie Åkesson sur Facebook, promettant d'être une "force constructive et d'initiative".
Héritier d'un groupe néonazi à sa création en 1988, le parti d'extrême droite s'est peu à peu banalisé dans le paysage politique suédois, entrant au parlement en 2010 avec 5,7%, puis grimpant à chaque élection, sur fond de forte immigration et de problèmes de gangs criminels en Suède.
Bien que les SD soient le premier parti de la majorité des droites, son dirigeant n'est pas en mesure d'avoir le soutien des trois autres partis pour devenir Premier ministre, poste promis à Ulf Kristersson.
Un des points les plus compliqués concerne l'ambition affichée par le parti d'extrême-droite de faire partie du gouvernement. Les trois partis de droite traditionnelle (Modérés, chrétiens-démocrates et Libéraux) y sont défavorables.
Le scénario le plus probable selon les analystes est que les SD, bien que le plus gros parti des quatre, appuient seulement le gouvernement au parlement, sans en faire directement partie.
"Le processus prendra le temps qu'il faudra", a dit Jimmie Åkesson.
- Salvini aux anges -
Mais cette majorité étriquée, allant du centre-droit à l'extrême-droite, s'annonce bien fragile, les Libéraux notamment et les SD ayant des lignes politiques très divergentes sur nombre de dossiers.
"Nous allons être à seulement un ou deux sièges d'une crise gouvernementale", a prévenu Magdalena Andersson.
Ancien gymnaste, Ulf Kristersson va maintenant devoir réussir l'acrobatie de finaliser et de maintenir l'union des trois droites libérale, conservatrice et nationaliste.
C'est lui qui fin 2019 avait pour la première fois envisagé un scénario de collaboration entre la droite et les SD.
La campagne avait été dominée par des thèmes favorables à l'opposition de droite: criminalité et règlements de compte meurtriers entres gangs d'origine immigrée, intégration et flambée des factures énergétiques.
La victoire d'une alliance droite/extrême droite en Suède intervient à moins de deux semaines d'élections en Italie où une coalition réunissant Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni (post-fasciste) et Forza Italia de Silvio Berlusconi (droite libérale) est donnée favorite.
"Même dans la belle et démocratique Suède, les gauches sont défaites et renvoyées à la maison! Le dimanche 25 (septembre) c’est notre tour, nous allons gagner !", a déclaré Matteo Salvini, le chef de la Ligue italienne (anti-immigration) membre de la coalition.
Au parlement suédois, les SD auront 73 sièges, 11 de plus qu'aux dernières élections de 2018. Les Modérés décrochent 68 fauteuils (-2), tandis que les chrétiens-démocrates en ont 19 (-3) et les Libéraux 16 (-4).
A gauche, les sociaux-démocrates grimpent à 107 sièges (+7) grâce à leur bon score de 30,4%, devant les partis de Gauche et du Centre (24 chacun) et les Verts (18), mais le bloc au total échoue sous la majorité absolue.
Après la démission de Mme Andersson, le président du Riksdag, le parlement suédois, va pouvoir formellement confier à Ulf Kristersson la mission de former une majorité, avec des négociations entre partis.
L'élection du nouveau chef de gouvernement ne peut pas intervenir avant le 27 septembre au plus tôt, date de la première session plénière du parlement.
A.Dankwers--HHA