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Ukraine: important échange de prisonniers entre Kiev et Moscou, qui mobilise sa réserve

Ukraine: important échange de prisonniers entre Kiev et Moscou, qui mobilise sa réserve

L'Ukraine et la Russie ont procédé à un échange de prisonniers militaires, le plus important depuis le début de l'offensive fin février, une annonce qui intervient après la mobilisation par Vladimir Poutine de centaines de milliers de réservistes pour relancer son offensive en Ukraine.

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"Nous avons réussi à libérer 215 personnes", a déclaré mercredi soir à la télévision le chef de l'administration présidentielle ukrainienne Andriï Iermak.

Kiev a notamment récupéré des chefs de la défense de l'aciérie Azovstal dans la ville de Marioupol, symbole de la résistance à l'invasion russe. Cinq commandants militaires, dont des chefs de la défense d'Azovstal, ont été transférés en Turquie, a souligné le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Ils resteront dans ce pays "en sécurité absolue et dans des conditions confortables" jusqu'"à la fin de la guerre" aux termes d'un accord avec le président turc Recep Tayyip Erdogan, selon le chef de l'Etat ukrainien.

La Russie a récupéré 55 prisonniers dont l'ex-député Viktor Medvedtchouk, un proche du président russe Vladimir Poutine, accusé de haute trahison en Ukraine, a précisé M. Zelensky dans son adresse quotidienne.

Cette annonce intervient quelques heures après l'ordre de mobilisation partielle de réservistes donnée par Vladimir Poutine, qui a provoqué des manifestations improvisées dans au moins 38 villes de Russie et l'arrestation d'au moins 1.332 personnes. Il s'agit des plus importantes protestations en Russie depuis celles ayant suivi l'annonce de l'offensive russe en Ukraine.

- "Juste châtiment" -

A la tribune de l'ONU, le président américain Joe Biden a attaqué frontalement la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité, l'accusant d'avoir "violé de manière éhontée" les principes des Nations unies depuis son offensive en Ukraine.

Et après que Vladimir Poutine a menacé d'utiliser l'arme atomique, le président américain a insisté: "Il est impossible de gagner une guerre nucléaire et il ne faut pas la mener".

Quelques heures plus tôt, dans une adresse à la nation, M. Poutine s'était dit prêt à utiliser "tous les moyens" dans son arsenal face à l'Occident qu'il a accusé de vouloir "détruire" la Russie. "Ce n'est pas du bluff", a-t-il assuré.

S'exprimant mercredi par visioconférence lors de l'Assemblée générale annuelle des Nations unies, M. Zelensky a exigé un "juste châtiment" contre Moscou, dénonçant avec force l'invasion de son pays par les troupes russes et appelant à la mise en place d'un tribunal spécial afin de juger Moscou "pour son crime d'agression contre notre Etat".

"Nous ne laisserons pas cette entité prévaloir sur nous", a-t-il lancé, prononçant le mot "châtiment" pas moins d'une quinzaine de fois.

La mobilisation de réservistes a été décrite en Europe comme un "aveu de faiblesse" de Moscou, dont l'armée a essuyé ces dernières semaines des revers face aux forces ukrainiennes.

Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne (UE) devaient tenir une réunion d'urgence informelle mercredi soir à New York sur l'Ukraine. La question de nouvelles sanctions sera "sur la table", selon le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

Se gardant d'annoncer une mobilisation générale, redoutée par des millions de Russes, M. Poutine en a décrété mercredi une "partielle", mesure jugée "urgente et nécessaire". Selon le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou, 300.000 réservistes sont concernés dans un premier temps.

- "Pour la paix" -

Signe de l'inquiétude de nombreux Russes, les sites des compagnies aériennes ont été pris d'assaut après l'allocution de M. Poutine et une pétition sur internet contre la mobilisation a déjà recueilli plus de 230.000 signatures.

Plus de 1.300 personnes ont été arrêtées dans des manifestations anti-mobilisation selon OVD-Info, organisation spécialisée dans le décompte des arrestations.

"Tout le monde a peur. Je suis pour la paix et je ne veux pas avoir à tirer. Mais c'est très dangereux de sortir maintenant, sinon il y aurait eu beaucoup plus de gens", a expliqué un manifestant à Saint-Pétersbourg, Vassili Fedorov, un étudiant qui arbore un emblème pacifiste sur sa poitrine.

Dans une interview à la chaîne allemande Bild TV, Volodymyr Zelensky a dit "ne pas croire" à l'utilisation d'armes nucléaires par Moscou. "Je ne crois pas que le monde laissera faire", a-t-il ajouté.

Le commandant en chef de l'armée ukrainienne Valery Zaloujny a promis en soirée de "détruire" les Russes qui se rendront en Ukraine pour combattre, y compris ceux mobilisés après le décret du président Poutine.

De son côté, la Chine, courtisée par la Russie, a semblé prendre certaines distances en appelant au cessez-le-feu et au respect de l'intégrité territoriale des Etats, une référence au projet d'annexion russe d'une partie de l'Ukraine.

L'annonce mardi de "référendums" d'annexion dans les régions contrôlées par Moscou en Ukraine, du 23 au 27 septembre, avait signalé un durcissement.

La doctrine militaire russe prévoit la possibilité de recourir à des frappes nucléaires si des territoires considérés comme russes par Moscou sont attaqués, ce qui pourrait être le cas avec les zones annexées.

Ces scrutins doivent se dérouler dans les régions de Donetsk et de Lougansk, qui forment le Donbass (est), ainsi que dans les zones occupées de Kherson et de Zaporijjia, dans le sud.

Ces votes ont été critiqués par Kiev et par ses alliés occidentaux, qui les ont qualifiés de "simulacres" de scrutins sans valeur juridique.

La Turquie les a qualifiés d'"illégitimes", avertissant qu'ils "ne ser(aient) pas reconnus par la communauté internationale".

Sur le terrain, la mobilisation pourrait annoncer un redoublement de violences à l'aube du huitième mois de conflit.

Les autorités ukrainiennes ont accusé la Russie d'avoir à nouveau bombardé mercredi le site de la centrale de Zaporijjia (sud de l'Ukraine), la plus grande d'Europe.

La situation dans cette centrale "se dégrade encore", a averti le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi. "On ne peut pas se permettre le luxe d'attendre que quelque chose de catastrophique se produise", a-t-il ajouté.

H.Brunner--HHA