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Ukraine: Moscou prépare une annexion, des Russes fuient la mobilisation

Ukraine: Moscou prépare une annexion, des Russes fuient la mobilisation

Sous le feu des critiques internationales, la Russie préparait jeudi des votes d'annexion prévu à partir de vendredi dans quatre régions d'Ukraine, tandis que de nombreux Russes quittaient leur pays pour échapper à une éventuelle mobilisation sur le front ukrainien.

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La Russie, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, devrait défendre au Conseil de sécurité de l'ONU son projet d'annexion et son invasion de l'Ukraine, au lendemain de l'annonce de la mobilisation dès mercredi de 300.000 réservistes et des menaces de recours à l'arme nucléaire proférées par Vladimir Poutine.

S'exprimant lors devant l'instance onusienne, en présence du chef de la diplomatie russe, l'Américain Antony Blinken a martelé que le monde "ne peut pas laisser Poutine s'en tirer comme ça".

En Russie, l'annonce de la mobilisation a provoqué un afflux de Russes souhaitant quitter le pays, avec des files d'attente rapportées aux frontières terrestres avec plusieurs pays. Aucune estimation du nombre n'était disponible.

Une personne, passée en Mongolie, a ainsi raconté à l'AFP sous couvert d'anonymat avoir dû attendre "pendant douze heures" pour passer la frontière en voiture.

Les gardes-frontières finlandais ont dit observer une hausse des passages, qui reste cependant modérée. Les Russes ont besoin de visas pour s'y rendre.

Alors que la Pologne et les pays baltes ont pris ces dernières semaines des mesures pour restreindre drastiquement l'entrée des Russes sur leur territoire, l'Allemagne s'est de son côté dit jeudi prête à accueillir des déserteurs de l'armée russe "menacés de grave répression".

"Celui qui s'oppose courageusement à Poutine et se met ainsi en grand danger peut demander l'asile politique en Allemagne", a déclaré la ministre allemande de l'Intérieur Nancy Faeser.

Aux arrivées de l'aéroport de Erevan en Arménie, des Russes interrogés par l'AFP ont admis avoir fui la mobilisation. Dmitri, 45 ans et un petit sac à la main, dit avoir laissé femme et enfants au pays.

"Je ne veux pas mourir dans cette guerre insensée. C'est une guerre fratricide", a-t-il confié, préservant son anonymat.

Le Kremlin a lui démenti l'ampleur des départs, un phénomène "grandement exagéré".

- "Simulacres" de référendums -

De vendredi à mardi, quatre régions du sud et de l'est de l'Ukraine sous contrôle total ou partiel de Moscou voteront dans des scrutins organisés dans l'urgence pour être annexés par la Russie, des "simulacres" de référendums dénoncés en Occident. La Chine, proche de Moscou, a émis des critiques, appelant au respect de l'intégrité territoriale des Etats.

Les autorités prorusses installées dans ces territoires et Moscou ont néanmoins promis d'aller de l'avant.

"Le vote commence demain et rien ne pourra l'empêcher", a souligné à la télévision russe le chef de l'administration d'occupation de la région de Kherson, dans le sud de l'Ukraine, Vladimir Saldo.

L'instance électorale des séparatistes prorusses de Donetsk, dans l'est, a elle indiqué que "par souci de sécurité" le scrutin serait organisé quasiment en porte-à-porte, "devant les habitations" durant quatre jours, les bureaux de vote n'ouvrant "que le dernier jour", soit le 27 septembre.

L'ex-président russe et numéro deux du Conseil de sécurité du pays, Dmitri Medvedev, a lui affirmé sur Telegram que les régions séparatistes de Lougansk et Donetsk (est), qui forment le bassin du Donbass, ainsi que Kherson et Zaporijjia (sud), "intègreront la Russie".

Il a ajouté que son pays est prêt à une frappe nucléaire sur l'Occident si nécessaire: les missiles "hypersoniques russes sont capables d'atteindre leurs buts en Europe et aux Etats-Unis bien plus vite" que les armes occidentales.

- Un proche de Poutine libéré -

Dans une adresse à la nation, Vladimir Poutine s'était dit mercredi prêt à utiliser "tous les moyens" face à l'Occident qu'il a accusé de vouloir "détruire" la Russie. "Ce n'est pas du bluff", a-t-il lâché.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a lui estimé que du fait de l'aide militaire occidentale à l'Ukraine, la Russie est "de facto confrontée au bloc de l'Otan".

Moscou reste donc sans surprise sourd aux critiques, à commencer par celles de l'Américain Joe Biden qui, à la tribune de l'Assemblée générale des Nations Unies, a martelé mercredi que la guerre de Poutine "anéantit le droit de l'Ukraine à exister".

Après lui, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé le monde à "châtier" la Russie.

Le Français Emmanuel Macron a lui appelé à résister au "chantage" de Vladimir Poutine: "Notre devoir c'est de tenir notre ligne".

Sur le terrain, les missiles continuaient de pleuvoir avec, entre autres frappes, la ville de Zaporijjia (sud), sous contrôle ukrainien, touchée par neuf missiles, qui ont atteint notamment un hôtel, faisant au moins un mort.

Par ailleurs, la Russie a confirmé un important échange de 215 prisonniers de guerre Ukrainiens contre 55 militaires russes, plus un proche de Vladimir Poutine, l'ex-député et homme d'affaire ukrainien Viktor Medvedtchouk.

Cet ancien député avait été arrêté mi-avril en Ukraine, soupçonné de trahison en faveur de Moscou.

R.Hansen--HHA