Ukraine: Moscou intensifie la mobilisation, remplace le chef de la logistique militaire
En pleine mobilisation de ses réservistes, Moscou a durci samedi les peines en cas de refus et remplacé son chef de la logistique militaire, un point faible de son offensive en Ukraine, où se poursuivent des "référendums" d'annexion.
Le président russe Vladimir Poutine a signé des amendements prévoyant jusqu'à 10 ans de prison pour les militaires qui désertent ou refusent de combattre en période de mobilisation, comme c'est le cas actuellement.
Il a également signé une loi qui facilite l'accès à la nationalité russe pour les étrangers qui s'engagent pour une durée d'au moins un an dans l'armée, au moment où Moscou cherche par tous les moyens à recruter plus d'hommes pour combattre en Ukraine.
Par ailleurs, le général d'armée Dmitri Boulgakov, vice-ministre de la Défense, est transféré à un "autre poste" et remplacé par le colonel général Mikhaïl Mizintsev, qui dirigeait jusque-là le Centre de contrôle de la défense nationale, a annoncé le ministère russe de la Défense dans un communiqué laconique.
Mikhaïl Mizintsev, nouveau "responsable du ravitaillement matériel et technique des forces armées", est déjà visé par des sanctions occidentales pour son rôle dans le siège de Marioupol (sud-est de l'Ukraine).
La logistique russe s'est avérée souvent défaillante depuis le début de l'offensive en février. Elle est de nouveau mise à l'épreuve avec la décision du président Vladimir Poutine de mobiliser plusieurs centaines de milliers d'hommes pour tenter d'enrayer les revers enregistrés depuis le début du mois face aux forces ukrainiennes et l'armement fourni par les Occidentaux.
Cet ordre de mobilisation, qui concerne selon les autorités 300.000 personnes, a suscité l'inquiétude de nombreux Russes, certains choisissant de quitter le pays.
"Je pense" que Vladimir Poutine "réussira à mobiliser 300.000 hommes comme il l’annonce", estime pour sa part le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans un entretien à plusieurs médias français.
"La Russie s’y était préparée. Nos alliés et les services de renseignement nous ont indiqué que les documents nécessaires à cette mobilisation avaient été préparés très en amont de cette annonce", a-t-il ajouté.
Il a également affirmé qu'une cinquantaine de soldats ukrainiens étaient en moyenne tués chaque jour. Mais "le pourcentage de morts russes est cinq fois plus élevé", assure-t-il.
Le président américain Joe Biden a ainsi averti vendredi soir du risque de mesures de rétorsion "rapides et sévères" en cas d'annexions, estimant que "les référendums de la Russie sont un simulacre, un prétexte fallacieux pour essayer d'annexer des parties de l'Ukraine par la force".
Auparavant, dans un communiqué conjoint, les pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) avaient appelé "tous les pays à rejeter sans équivoque ces référendums fictifs", des "simulacres" qui "n'ont ni effet juridique ni légitimité".
Vendredi soir, dans son adresse quotidienne à la nation, le président Zelensky a dénoncé lui aussi des "pseudo-référendums".
L'armée ukrainienne a assuré pour sa part samedi matin qu'en raison d'une faible participation, des membres des "bureaux de vote" se rendent, accompagnés de militaires russes, au domicile des habitants pour qu’ils "votent" de chez eux.
Les autorités russes n'ont de leur côté pas signalé d'incident notable, même si des responsables locaux pro-russes ont fait état de "provocations" à certains endroits.
Sans aller jusqu'à dénoncer les scrutins, la Chine, partenaire le plus proche de Moscou, y est tout de même allée de sa critique, appelant au respect de "l'intégrité territoriale de tous les pays".
Ces "référendums" organisés dans les régions séparatistes de Donetsk et Lougansk (est), et dans des zones sous occupation russe dans les régions de Kherson et Zaporijjia (sud), s'achèveront le 27 septembre.
A Moscou, Saint-Pétersbourg et d'autres villes, les autorités ont organisé des manifestations de soutien aux votes à grand renforts de drapeaux et de slogans.
- "Crimes de guerre"-
Du côté de l'ONU, une commission d'enquête a reconnu vendredi que des "crimes de guerre ont été commis en Ukraine", évoquant notamment des bombardements russes sur des zones civiles, des exécutions, des actes de torture et des violences sexuelles.
L'Ukraine a par ailleurs annoncé avoir exhumé 447 corps d'un site d'enterrement de masse à Izioum, ville reprise aux Russes dans le nord-est, dont 30 avec des "signes de torture" tels que des mains liées, des membres cassés ou des "organes génitaux amputés".
Côté diplomatique, l'Iran s'est retrouvé dans le collimateur des autorités ukrainiennes, qui lui reprochent ses livraisons d'armes à Moscou et notamment des drones, qui ont fait un mort dans une attaque russe sur le port d'Odessa vendredi.
Dénonçant un comportement "hostile", Kiev a décidé de retirer son accréditation à l'ambassadeur iranien en Ukraine et de "réduire considérablement" le personnel de l'ambassade iranienne à Kiev.
L'Iran a regretté samedi cette décision "basée sur des informations non fondées" et "relayées par la propagande des médias étrangers" contre Téhéran, dans un communiqué de son ministère des Affaires étrangères.
Des célébrités internationales ont quant à elles accepté de proposer en ligne certains de leurs objets personnels pour collecter des fonds en soutien à l'action de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en Ukraine.
Parmi elles, la star britannique de la pop Ed Sheeran, la légende du basket Shaquille O'Neal, les encore les chanteuses britanniques Ellie Goulding et Annie Lennox, la mégastar de la pop Harry Styles, l'artiste Shepard Fairey, ou le champion de boxe Wladimir Klitschko dont le frère ainé, Vitali, est le maire de Kiev.
E.Borstelmann--HHA