La Suisse vote sur la retraite des femmes et l'élevage intensif
Les Suisses votent dimanche sur une proposition d'interdiction de l'élevage intensif et une réforme des retraites qui repousserait l'âge de la retraite des femmes d'un an.
L'issue sur ces deux sujets reste incertaine, selon les sondages.
Après deux tentatives avortées en 2004 et 2017, Berne espère enfin recueillir suffisamment de voix pour "stabiliser" le système suisse d'assurance vieillesse, soumis à une énorme pression alors que l'espérance de vie augmente et que la génération géante des baby-boomers atteint l'âge de quitter la vie active.
La partie la plus controversée de la réforme exigerait que -comme les hommes- les femmes travaillent jusqu'à 65 ans, avant de pouvoir prétendre à une pension à taux plein. Un an de plus qu'à présent.
Le Parlement a approuvé l'année dernière les mesures clés, qui comprennent également une hausse de la TVA, mais les partis et les syndicats de gauche ont dénoncé la réforme "sur le dos des femmes" et ont forcé le référendum.
- Moins d'argent, travail plus longtemps -
Pour les partisans du oui à la réforme demander aux femmes de travailler un an de plus n'est pas déraisonnable au regard des données économiques et démographiques.
Mais les opposants à la réforme soutiennent que les femmes continuent d'être confrontées à une discrimination importante et à un large écart de rémunération en Suisse. Ils estiment qu'il est injuste d'augmenter l'âge de la retraite des femmes sans d'abord résoudre ces inégalités.
En 2020, les femmes en Suisse ont reçu en moyenne des pensions inférieures de près de 35% à celles de leurs homologues masculins, selon le ministère suisse de l'Economie. Les sondages indiquent cependant que les électeurs suisses, qui ont rejeté à deux reprises les plans gouvernementaux de réforme des retraites, sont aujourd'hui plus favorables à la réforme.
Dans un récent sondage Tamedia, 55% des personnes interrogées l'ont soutenu. Mais ce chiffre cache une dissension entre les sexes: si 70% des hommes interrogés soutiennent la réforme, 58% des femmes s'y opposent.
- Pas d'élevage intensif ? -
Un autre sujet vivement débattu lors du scrutin dimanche est une proposition d'interdire l'élevage intensif, éradiquant essentiellement les fermes industrielles dans un pays qui est encore très rural même si l'agriculture pèse relativement peu dans la richesse nationale.
Les organisations de défense des droits et de protection des animaux à l'origine de l'initiative veulent faire de la protection de la dignité des animaux de ferme comme le bétail, les poulets ou les porcs une exigence constitutionnelle.
"Nous pensons que l'agriculture animale est l'un des problèmes déterminants de notre époque", affirme sur son site internet le groupe de protection des animaux Sentience, qui a forcé au vote.
Si elle est acceptée, l'initiative -qui bénéficie du soutien des partis de gauche, de Greenpeace et d'autres organisations environnementales- imposerait des exigences minimales plus strictes en matière d'hébergement et de soins respectueux des animaux, d'accès à l'extérieur et de pratiques d'abattage.
Cela réduirait également considérablement le nombre maximal d'animaux par enclos, les nouvelles exigences s'étendant également aux importations d'animaux et de produits d'origine animale.
Le gouvernement et le parlement s'opposent à l'initiative, insistant sur le fait que la Suisse possède déjà l'une des lois parmi les plus strictes au monde en matière de bien-être animal. Selon les lois en vigueur, les fermes ne peuvent pas garder plus de 1.500 porcs à engraisser, 27.000 poulets de chair ou 300 veaux, ce qui exclut les gigantesques fermes industrielles que l'on trouve dans d'autres pays.
- Non fermier -
Berne a averti que ces nouvelles règles entraîneraient une hausse significative des prix, tandis que la clause d'importation pourrait avoir un impact sur les relations avec les partenaires commerciaux.
De tels arguments semblent avoir convaincu un nombre croissant de Suisses, le dernier sondage gfs.bern donnant le camp du "non" en tête, avec 52% des répondants opposées à cette décision.
Les agriculteurs semblent particulièrement sceptiques, l'opposition atteignant 62% dans les zones rurales, tandis que 53% des citadins se disent favorables au changement.
La plupart des gens en Suisse votent par anticipation lors de ces scrutins, qui se tiennent tous les quelques mois.
Les bureaux de vote ne s'ouvrent que quelques heures dimanche avant de fermer à midi (10H00 GMT). Les premiers résultats sont attendus en début d'après-midi.
T.Schmidt--HHA