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Royaume-Uni: le Labour recommence à y croire
Royaume-Uni: le Labour recommence à y croire / Photo: Oli SCARFF - AFP

Royaume-Uni: le Labour recommence à y croire

Pendant que le gouvernement conservateur britannique est à la peine face à la crise économique, le Labour commence à croire à un retour au pouvoir: son chef Keir Starmer s'emploie mardi à convaincre que les travaillistes sont prêts à gouverner après des années de divisions intestines.

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Dans son grand discours qui marque le point d'orgue du congrès annuel du principal parti d'opposition, le dirigeant de 60 ans doit présenter son "plan pour une prospérité verte", qui vise à soutenir la croissance et lutter contre le réchauffement climatique.

Il va promettre "le plus grand partenariat jamais vu dans le pays entre le gouvernement, le monde économique et les différentes communautés" du Royaume-Uni, selon des extraits dévoilés avant sa prise de parole.

Il ne va pas manquer non plus de fustiger le Parti conservateur et la nouvelle Première ministre Liz Truss, les accusant d'avoir "perdu le contrôle de l'économie britannique".

Le Royaume-Uni se débat avec une inflation à un niveau inédit depuis des décennies, une récession imminente ou peut-être même déjà en cours et une chute record de la livre face au dollar cette semaine, après l'annonce vendredi dernier de dépenses et baisses d'impôts massives financées par la dette.

Malgré ce sombre tableau, le Labour, après 12 ans d'opposition, se rassemble à Liverpool dans l'allégresse et apparaît, dans sa critique unanime du gouvernement, plus uni qu'il ne l'a été depuis longtemps.

"Je sens une ambiance très positive ici, nous sommes unis", témoigne Mary Stiles, 75 ans, ancienne élue locale dans le centre de l'Angleterre, à mi-parcours de cette conférence annuelle du parti, qui doit s'achever mercredi.

"Nous savons que nous pouvons arriver" à reprendre le pouvoir après plus de dix années dans l'opposition, ajoute-t-elle convaincue.

Après des débuts difficiles, M. Starmer, un centriste qui a succédé en 2020 au très à gauche Jeremy Corbyn, est porté par des sondages favorables ces derniers mois, donnant aux travaillistes une avance de plus de 10 points face aux conservateurs.

Le dernier en date, réalisé par l'institut Survation, indique que le Labour pourrait rafler la majorité avec 56 sièges d'avance sur les autres partis si les législatives se tenaient aujourd'hui.

Mais celles-ci étant prévues au plus tard en janvier 2025, les travaillistes devront faire preuve de patience au moment où ils tentent de capitaliser sur la difficulté des conservateurs à apaiser la crise du coût de la vie qui secoue le pays.

- "Ancré au centre" -

En attendant, le parti, miné par les divisions ces dernières années, qui avaient atteint un pic sous la direction de M. Corbyn, dont le mandat avait été entaché d'accusations d'antisémitisme, veut montrer qu'il a tourné cette sombre page, marquée en 2019 par sa pire défaite électorale.

Illustration de cette volonté: au premier jour de cette conférence, les travaillistes, peu habitués aux démonstrations patriotiques, ont chanté en choeur l'hymne national en hommage à la défunte reine Elizabeth II.

Dans son discours Keir Starmer insistera sur le fait que le Parti travailliste est à nouveau un "parti ancré au centre", ramenant vers les années Tony Blair, et "le bras politique du peuple britannique", tentant ainsi d'effacer le fossé créé par le référendum sur le Brexit avec sa base ouvrière traditionnelle.

Dans cette optique, M. Starmer ne souhaite pas revenir sur l'accord de sortie de l'Union européenne conclu par les conservateurs, et affiche comme priorités les enjeux économiques, de santé et de sécurité, plutôt que les débats sociétaux ou culturels.

Mais cette stratégie ne fait pas l'unanimité parmi les syndicats, alliés traditionnels du Labour. Dans un contexte de grèves dans de nombreux secteurs, M. Starmer a demandé aux responsables du parti de ne pas s'afficher sur les piquets de grève, mettant à pied l'un d'entre eux qui avait outrepassé la consigne.

A Liverpool, certains membres du parti défendent cette position, souhaitant montrer que le parti est de nouveau prêt à gouverner.

"Les adultes sont de retour", s'est ainsi félicité Angela Briggs, 69 ans, directrice d'école à la retraite et assistant à la conférence pour la première fois.

U.M.Thomas--HHA