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Séisme au sein de la PJ avec l'éviction du patron de la zone Sud en pleine réforme
Séisme au sein de la PJ avec l'éviction du patron de la zone Sud en pleine réforme / Photo: NICOLAS TUCAT - AFP

Séisme au sein de la PJ avec l'éviction du patron de la zone Sud en pleine réforme

Coup de tonnerre: l'éviction vendredi du patron de la police judiciaire pour le sud de la France, au lendemain d'une action de ses troupes à Marseille contre la réforme de la PJ, a fait descendre des centaines de policiers dans la rue.

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Eric Arella pilotait depuis sept ans les enquêtes sur la grande criminalité et notamment sur le narcobanditisme de Perpignan à Nice, en passant par Marseille, une des villes les plus touchées par ce fléau.

"C’est une honte, on lui fait porter le chapeau. Il a toujours été loyal. Et ce sont la quasi totalité des responsables qui sont contre cette réforme", voulue par le gouvernement, a indiqué à l'AFP une source de la PJ à Marseille. "Tout le monde est abasourdi, c'est un choc", a confié à l'AFP un cadre d'un office central de la police judiciaire.

C'est par un simple coup de fil qu'Eric Arella a appris son débarquement à la mi-journée, suscitant immédiatement des appels à manifester dans toute la France de policiers et magistrats inquiets depuis des semaines de la réforme en préparation.

Cette éviction a été confirmée à l'AFP par la direction générale de la police nationale (DGPN). "Comme pour toute réforme, il y a des discussions, il peut y avoir des désaccords. Mais une telle déloyauté n'est pas acceptable", indique-t-on dans l'entourage du DGPN.

Le directeur général de la police nationale (DGPN), Frédéric Veaux, n'a visiblement pas apprécié jeudi d'être reçu à Marseille par quelque 200 officiers mobilisés contre cette réforme.

A sa sortie de réunion, M. Veaux a traversé les couloirs dans une ambiance glaciale, contraint de fendre une haie de policiers manifestant bras croisés et silencieux, selon une vidéo transmise à l'AFP jeudi.

"On lui reproche le coup de force des officiers hier", a commenté une autre source policière locale.

- "Merci patron" -

Immédiatement après l'annonce, des centaines d'officiers se sont rassemblés à Marseille, Toulon ou devaient le faire à Nice et Montpellier et dans toute la France. A Marseille, ils étaient environ 200 à crier des "bravo", "merci patron". Ils ont été rejoints par des procureurs et juges d'instruction de la Juridiction interrégionale spécialisée qui gère les dossiers de grande criminalité.

"Les résultats à Marseille sont mauvais avec des niveaux records d’homicides alors que les effectifs ont été considérablement renforcés", a-t-on aussi commenté dans l'entourage de la DGPN pour expliquer l'éviction de celui que de nombreux magistrats et policiers qualifient de "grand flic".

Depuis le début de l'année, 25 personnes sont mortes par balles dans des homicides liés au trafic de drogue dans les Bouches-du-Rhône, selon la préfecture de police. Comme sur toute l'année 2021.

A Marseille fin juin, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin se félicitait qu'"ici, 60 % de ces règlements de comptes sont résolus, c'est-à-dire que c'est un chiffre extrêmement positif puisque, en France, on résout à peu près 30% des tentatives d'homicide".

La réforme de la PJ suscite une énorme réticence.

Porté par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et Frédéric Veaux, le projet prévoit de placer tous les services de police d'un département - renseignement, sécurité publique, police aux frontières (PAF) et PJ - sous l'autorité d'un seul Directeur départemental de la police nationale (DDPN), dépendant du préfet.

"On sait qu'il y aura de gros dégâts sur les enquêtes sur le grand banditisme à cause de la restructuration. On se bat pour défendre notre cœur de métier. C'est vraiment une vocation, un investissement personnel", a indiqué à l'AFP Thierry, brigadier-chef au sein de l'Office anti-stupéfiants (Ofast) qui manifestait vendredi à Marseille contre l'éviction d'Eric Arella.

"Qui sera en capacité prochainement de traiter nos enquêtes de fraudes sociales, fiscales, nos enquêtes que nous souhaitons engager sur le grand circuit de blanchiment ou sur le détournement de fonds publics?", s'était inquiétée fin septembre la procureure de Marseille, Dominique Laurens.

Le procureur général de la cour d'appel de Versailles Marc Cimamonti a lui qualifié de "quatre fois mauvaise" cette réforme.

M. Arella, qui va partir à l'IGPN à partir de lundi, est remplacé par Dominique Abbenanti, actuellement attaché de sécurité à Alger, a-t-on ajouté du côté de la DGPN.

sm-san-jra-jp-tll/iw/npk

E.Gerber--HHA