Réforme police judiciaire: les syndicats demandent à Darmanin des mesures "d'apaisement"
Les syndicats de police ont demandé samedi au ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin des mesures "d'apaisement" face à la contestation suscitée par la réforme de la police judiciaire et au lendemain de l'éviction du patron de la PJ de la zone Sud.
"Cette réforme suscite le rejet: il faut donc stopper cette spirale qui risque de creuser un fossé inquiétant et déstructurant au sein de notre maison police", écrivent Alliance, l'un des principaux syndicats de police, et l'Unsa, dans un communiqué commun transmis à l'AFP.
La "réforme suscite trop de questions sans réponse et son bien-fondé n'est pas établi", ajoutent les deux organisations, sans pour autant appeler au retrait du projet.
Ils réclament au ministre Darmanin "une décision rapide d'apaisement", afin de "revenir sur un vrai terrain d'échanges" sur ce sujet.
"Si réellement, le projet est amendable comme cela a été déclaré par le ministre lui-même, n'est-il pas temps de le démontrer", écrit pour sa part Unité SGP Police, en disant "refuser l'architecture" du projet actuel.
Synergie-Officiers demande également au ministre et au directeur général de la police nationale (DGPN) Frédéric Veaux de "prendre sans délai des mesures d'apaisement". Le syndicat appelle à opter pour un "niveau zonal" de direction pour la PJ et "certainement pas départemental" comme le prévoit actuellement la réforme.
Alliance, Synergie et l'Unsa, réunis depuis quelques semaines au sein d'un même "bloc" syndical en vue des élections professionnelles à la fin de l'année, réitèrent également leur demande d'un "moratoire", déjà réclamé début septembre.
Côté politique, les groupes de députés et sénateurs socialistes, ont aussi dénoncé une réforme "dangereuse", menée dans un souci de "pure rationalisation budgétaire" par le ministre de l'Intérieur, dans une tribune publiée dans le Journal du Dimanche.
L'Association nationale de la police judiciaire (ANPJ), créée en août contre la réforme, a de son côté fait part samedi de son "indignation et sa consternation" après le limogeage d'Eric Arella, le patron de la police judiciaire pour le sud de la France.
Il a été démis de ses fonctions vendredi, au lendemain d'une action de ses troupes contre la réforme de la PJ, à l'occasion de la venue à Marseille de Frédéric Veaux.
"Ce grand patron, à la carrière et au parcours exemplaires, était unanimement reconnu et apprécié de ses effectifs, des magistrats et des cadres de la police judiciaire", écrit l'association, en dénonçant les "méthodes autoritaristes" du DGPN.
L'ANPJ "compte sur les plus hautes autorités de l'État pour trouver une solution acceptable à cette crise sans précédent au sein de la police judiciaire", ajoute-t-elle.
L'éviction de M. Arella a suscité l'indignation dans les rangs de la prestigieuse PJ et dans le monde judiciaire. En signe de protestation, des centaines d'enquêteurs se sont rassemblés devant leurs services vendredi après-midi. Ces rassemblements ont eu lieu "dans plus de 40 villes", selon l'ANPJ.
Le projet de réforme prévoit de placer tous les services de police à l'échelle du département - renseignement, sécurité publique, police aux frontières (PAF) et police judiciaire (PJ) - sous l'autorité d'un seul Directeur départemental de la police nationale (DDPN), dépendant du préfet.
Les opposants au projet dénoncent le risque d'un "nivellement vers le bas" de la PJ et un renforcement du poids du préfet dans les enquêtes.
H.Graumann--HHA