Pour aider Haïti "paralysé", le chef de l'ONU réclame une force armée internationale
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé dimanche le déploiement d'une force armée internationale en Haïti, pays pauvre des Caraïbes "paralysé" par une crise sécuritaire "dramatique" sous l'emprise de bandes criminelles et sous la menace du choléra.
"Le secrétaire général exhorte la communauté internationale, y compris les membres du Conseil de sécurité, à examiner en urgence la demande du gouvernement haïtien de déployer sans délai une force armée spécialisée internationale pour faire face à la crise humanitaire", a demandé M. Guterres dans un communiqué de son porte-parole Stéphane Dujarric.
M. Guterres "demeure extrêmement préoccupé par la situation en Haïti, qui fait face à une flambée de cas de choléra dans un contexte de détérioration dramatique de la sécurité qui a paralysé le pays" des Caraïbes, selon le porte-parole.
Le prochain Conseil de sécurité prévu pour débattre de la crise en Haïti est prévu le 21 octobre mais le secrétaire général de l'ONU a d'ores et déjà envoyé dimanche au Conseil "une lettre présentant des options pour un soutien renforcé à la sécurité", conformément à la résolution 2645 adoptée le 15 juillet, a indiqué la même source.
Cette résolution a prorogé d'un an le mandat du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh), une structure qui a remplacé la Mission onusienne de maintien de la paix et qui tente d'aider la police locale.
- "Prise de contrôle" -
Dans la lettre remise par M. Guterres au Conseil de sécurité, et obtenue par l'AFP, le chef de l'ONU dénonce aussi "les bandes criminelles qui ont pris le contrôle d'infrastructures stratégiques telles que le port international de Port-au-Prince et le principal terminal de carburant du pays (Varreux)".
En outre, s'alarme-t-il, "il y a dans ce contexte une résurgence du choléra et la situation actuelle a créé les conditions parfaites pour une hausse exponentielle (des cas) de choléra dans tout le pays".
L'ONU avait déjà mis en garde jeudi contre un risque d'"explosion" des cas de choléra dans le pays.
Après l'introduction de la bactérie par des Casques bleus en 2010, une épidémie de choléra a sévi jusqu'en 2019, faisant plus de 10.000 morts.
Trois ans plus tard, l'annonce dimanche de nouveaux cas et de sept premiers morts a réveillé les craintes d'un nouveau désastre au moment où, avec la dernière poussée de violence, le pays manque de carburant pour alimenter la population en eau potable et faire tourner les hôpitaux.
- "Désespoir" -
Depuis la récente détection du bacille du choléra, qui se transmet par l'eau, onze cas ont été confirmés et 111 sont suspectés, pour l'instant uniquement dans la capitale Port-au-Prince, avait indiqué jeudi lors d'une conférence de presse par vidéo depuis Haïti la coordinatrice humanitaire de l'ONU dans le pays, Ulrika Richardson.
Mais "les chiffres pourraient être bien plus élevés", selon elle, précisant que des analyses étaient en cours à l'étranger pour déterminer s'il s'agissait ou non de la même souche qu'en 2010.
Depuis l'annonce le 11 septembre par le Premier ministre Ariel Henry d'une hausse des prix du carburant, le pays a été le théâtre de nouvelles violences, de pillages et de manifestations. Et depuis mi-septembre, le terminal pétrolier de Varreux, le plus important du pays, est bloqué par des gangs armés.
Fin septembre, deux responsables de l'ONU avaient décrit devant le Conseil de sécurité une "catastrophe humanitaire" dans ce pays pauvre, où la situation a atteint "un nouveau degré de désespoir" et avaient prédit que cette année "4,5 millions de personnes (allaient se retrouver) en niveau d'insécurité alimentaire de crise ou pire, dont 1,3 million en situation d'urgence".
Haïti est englué depuis des années dans une profonde crise économique, sécuritaire, politique et l'assassinat du président Jovenel Moïse en 2021 a profondément aggravé la situation avec une emprise de plus en plus forte des gangs.
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P.Garcia--HHA