L'Ukraine rétablit son réseau électrique, le sud pro-russe demande une évacution
L'Ukraine s'est félicité jeudi d'avoir "stabilisé" son réseau électrique après les frappes massives russes des derniers jours, tandis que les autorités russes dans le sud occupé ont demandé l’évacuation des civils face à la contre-offensive ukrainienne.
Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan se sont eux retrouvés au Kazakhstan, mais sont restés silencieux quant à l'éventualité d'une médiation turque sur l'Ukraine que le Kremlin disait attendre. Le président russe a surtout communiqué sur sa proposition à son homologue turc de créer un "hub gazier" en Turquie pour exporter du gaz vers l'Europe.
Signe du recul russe sur plusieurs fronts depuis début septembre, les autorités d'occupation prorusses de Kherson ont demandé à Moscou d'évacuer les civils de la zone. Il s'agit de l'une des quatre régions dont le Kremlin a revendiqué l'annexion fin septembre. "Prenez vos enfants et partez", a dit le chef de l'administration d'occupation régionale, Vladimir Saldo.
Après des bombardements russes massifs lundi et mardi à travers l'Ukraine qui ont frappé l'infrastructure énergétique du pays, l'opérateur ukrainien Ukrenergo a annoncé jeudi avoir "stabilisé l'approvisionnement en énergie dans toutes les régions d'Ukraine" et ne pas avoir besoin de rationner l'électricité.
"La question de savoir s'il y aura des restrictions à l'avenir dépend avant tout de s'il y aura de nouveaux bombardements et destructions", a-t-il ajouté, se félicitant d'avoir "résisté" à l'attaque russe.
Le gouvernement ukrainien avait dû appeler la population à limiter sa consommation d'électricité après ces salves menées en réponse à l'explosion qui a endommagé le pont russe de Crimée, cible symbolique et stratégique reliant la péninsule annexée par Moscou à la Russie, et que le Kremlin a imputé à l'Ukraine.
- "Hub gazier" -
Sur le front diplomatique, les présidents russe et turc se sont retrouvés jeudi au Kazakhstan pour une rencontre en marge d'un sommet régional à Astana.
Si le Kremlin avait évoqué la possibilité d'une "proposition officielle" de la Turquie de servir de médiateur entre Moscou et Kiev, les deux hommes n'ont pas publiquement évoqué cette question.
Ils ont parlé économie, M. Poutine proposant donc à M. Erdogan la création d'un "hub gazier" en Turquie pour exporter les hydrocarbures russes à l'Europe, alors que la guerre en Ukraine à entraîner une baisse considérable des livraisons gazières vers les Etats européens.
M. Erdogan a lui défendu les liens économiques de son pays avec la Russie et qui font grincer des dents en Europe.
L'Ukraine continue pour sa part d'engranger les promesses de livraisons de systèmes anti-aériens pour neutraliser la menace des missiles russes, qui ont frappé lundi tant des installations électriques que des habitations ou un terrain de jeu.
Après l'annonce de l'arrivée d'un système allemand et de la livraison prochaine de modèles américains, le Royaume-Uni a annoncé jeudi qu'il fournirait des munitions capables d'abattre des missiles de croisière.
La France a constitué un fonds doté de 100 millions pour les achats d'armements français par l'Ukraine et a confirmé l'envoi prochain de six canons Caesar, portant la dotation à 24.
- Aux portes de Bakhmout -
Les forces russes, en recul sur plusieurs fronts, restent à l'offensive sur celui de Bakhmout, ville de l'Est qui comptait avant la guerre 70.000 habitants et aujourd'hui largement désertée et ravagée par les tirs d'artillerie.
Les forces prorusses dans la zone ont affirmé avoir pris deux villages, Opytné et Ivangrad, à la lisière sud. L'état-major ukrainien disait lui avoir repoussé les attaques russes dans la région.
Des soldats ukrainiens rencontrés mercredi non loin de cette section du front ont indiqué que l'artillerie russe y était en position de force.
Plus au nord, à Iampil, près du noeud ferroviaire stratégique de Lyman récemment reconquis par l'Ukraine, les journalistes de l'AFP ont entendu jeudi des tirs nourris d'artillerie. Selon un soldat revenant du front, le village de Torske y essuyait des bombardements russes.
A Belgorod en Russie, un missile ukrainien a frappé, sans faire de victimes, un immeuble d'habitation de cette grande ville située dans une région frontalière de l'Ukraine, ont rapporté les autorités locales, alors que les tirs touchant le territoire russe se sont multipliés ces dernières semaines.
Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi, de retour en Ukraine jeudi, entend négocier une formule à même de sécuriser la centrale nucléaire de Zaporijjia, occupée et annexée par les Russes et visée régulièrement par des tirs qui provoquent des coupures d'alimentation.
Avec son armée en difficulté, le président russe a tenté de reprendre l'initiative fin septembre en mobilisant des centaines de milliers de réservistes pour renforcer ses lignes et a décrété l'annexion de quatre régions de l'Est et du Sud.
Des autorités régionales russes ont reconnu que de premiers réservistes mobilisés originaires de la région de Tcheliabinsk en Sibérie occidentale étaient morts, sans préciser s'ils étaient décédés au front ou dans les bases où s'organisent les entraînements.
U.Smith--HHA