Grève TotalEnergies: la CGT quitte les négociations, appel à la généralisation du mouvement
Six heures après le début de négociations salariales réclamées depuis 17 jours d'une grève qui a créé une pénurie de carburants en France, la CGT a claqué la porte des discussions avec la direction de TotalEnergies tôt vendredi, misant désormais sur la généralisation du mouvement à tous les secteurs.
"Les propositions qui sont sur la table sont largement insuffisantes", a déclaré Alexis Antonioli, un négociateur CGT, dénonçant une "mascarade", avant de quitter le siège du groupe à la Défense pour aller dormir.
Mais à l'intérieur sont restés les négociateurs de deux syndicats réformistes et majoritaires, CFE-CGC et CFDT, qui pourraient selon les négociateurs de la CGT signer un accord avec la direction... comme ce fut le cas chez ExxonMobil.
"Ces syndicats-là qui viendraient signer un accord au rabais, ça ne changera rien à la mobilisation, ça ne changera rien à l’état d'esprit et à la détermination des grévistes", a prédit Alexis Antonioli, espérant désormais "la généralisation du mouvement."
Le mouvement lancé par la CGT s'est de fait déjà mué en appels à la grève générale, et mardi prochain sera une grande journée de grève nationale, des transports aux fonctionnaires, suite à l'appel jeudi de quatre grands syndicats (CGT, FO, Solidaires, FSU) et de plusieurs organisations de jeunesse. La grève de mardi touchera en particulier la SNCF et la RATP.
Le gouvernement avait fait fortement pression pour que ces négociations commencent, et Emmanuel Macron a assuré que le retour à la normale interviendrait "dans le courant de la semaine qui vient".
"Depuis quatre-cinq jours, c'est la catastrophe", s'exclame Françoise Ernst, monitrice d'auto-école à Paris. "On ne peut plus travailler."
Les routiers sont "sur le fil du rasoir", dit à l'AFP le secrétaire général de l'organisation professionnelle Otre, Jean-Marc Rivera.
Seule une raffinerie a vu la grève s'arrêter jeudi, celle de Fos-sur-Mer appartenant à Esso-ExxonMobil, où l'accord signé avec certains syndicats est rejeté par la CGT. Les grévistes de celle de Gravenchon-Port-Jérôme l'ont en revanche reconduite jeudi.
Cinq raffineries, sur sept en France, restent à l'arrêt, ainsi que plusieurs dépôts dont un immense près de Dunkerque, appartenant à TotalEnergies.
- "Le feu aux poudres" -
A 17H00 jeudi, 29,1% des stations manquaient d'un ou plusieurs carburants, selon le ministère de la Transition énergétique, à peine moins que la veille (30,8%). Dans le Centre Val-de-Loire, la proportion monte à 44,7%.
L'ouverture des négociations s'est faite après les réquisitions gouvernementales de salariés dans la raffinerie Esso-ExxonMobil de Gravenchon en Normandie, et au dépôt de Flandres de TotalEnergies à Mardyck, près de Dunkerque, pour rouvrir les vannes.
Des réquisitions qui ont "mis le feu aux poudres", selon le patron de la CGT, Philippe Martinez.
- "Troubles à l'ordre public" -
Sur le terrain, les premiers salariés réquisitionnés, forcés de travailler sous peine de sanctions pénales, ont permis de libérer de premiers stocks de carburants par oléoduc (7.000 mètres cubes du dépôt de Gravenchon en Normandie en 24 heures, selon le gouvernement) et par la route (25 camions-citernes de Dunkerque jeudi), sans encombre.
La préfecture du Nord a fait valoir que les réquisitions avaient été décidées en raison de "troubles à l'ordre public" dans les stations-essence, où la longueur des files d'attente, jusqu'à deux kilomètres, a entraîné des frictions, et empêche des professions prioritaires d'accéder aux pompes.
Pour accélérer la reprise, le gouvernement a de nouveau autorisé les camions-citernes à rouler ce week-end, alors que les poids lourds ont normalement interdiction de rouler du samedi 22H au dimanche 22H.
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O.Meyer--HHA