Ethiopie : l'UA réclame un cessez-le feu, les rebelles du Tigré "prêts à le respecter" appelle les belligérants à "se réengager" dans la paix
L'Union africaine (UA) a appelé dimanche à un cessez-le-feu immédiat au Tigré, où la violence s'intensifie, les rebelles de cette région du nord de l'Ethiopie se disant "prêts à le respecter".
La ville de Shire, dans le nord-ouest du Tigré, a été bombardée pendant plusieurs jours, au cours d'une offensive commune des troupes éthiopiennes et érythréennes contre les rebelles tigréens qui a fait plusieurs victimes civiles.
Un membre de l'International Rescue Committee (IRC), une ONG apportant des secours aux sinistrés, a été tué et un autre blessé dans une de ces attaques vendredi, qui a fait deux autres morts, des civils, selon l'IRC.
Après le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, qui s'est dit préoccupé par l'aggravation des violences, le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, a réclamé "un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel".
"Le président exhorte les parties à réitérer leur engagement au dialogue conformément à leur accord pour que des pourparlers directs soient convoqués en Afrique du Sud", a-t-il ajouté dans un communiqué.
En réponse, les rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) se sont dits "prêts à respecter" une telle pause dans les combats.
"Nous sommes prêts à respecter une cessation immédiate des hostilités. Nous appelons également la communauté internationale à contraindre l'armée érythréenne à se retirer du Tigré, à prendre des mesures en vue d'une cessation immédiate des hostilités et à faire pression sur le gouvernement éthiopien pour qu'il vienne à la table des négociations", a déclaré le TPLF.
- Report des négociations -
Peu avant, le bureau Afrique du Département américain avait jugé sur Twitter que "la priorité" était de "parvenir à une cessation immédiate des hostilités".
La balle est désormais dans le camp du gouvernement éthiopien qui, contacté par l'AFP, n'a pas souhaité dans l'immédiat faire de commentaires.
Ce gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed et les autorités tigréennes avaient accepté une invitation de l'UA à discuter, mais les négociations qui devaient commencer le week-end dernier en Afrique du Sud n'ont pas eu lieu.
Des diplomates ont suggéré que des problèmes logistiques étaient en partie à l'origine de leur report.
Les derniers combats ont eu lieu lorsque l'envoyé spécial américain, Mike Hammer, est arrivé à Addis-Abeba pour faire pression en vue de mettre fin à cette guerre qui dure depuis près de deux ans.
La ville de Shire, à environ 40 km au sud de la frontière éthiopienne avec l'Érythrée, a été "soumise à des frappes aériennes et d'artillerie lourde continues toute cette semaine", a déclaré à l'AFP un travailleur humanitaire sur place.
Un membre de l'IRC y a été tué lorsque l'ONG distribuait de la nourriture aux "bénéficiaires du PAM, y compris des mères et des enfants vulnérables", a déploré dimanche le Programme alimentaire mondiale (PAM) des Nations unies.
"Le PAM condamne tout ciblage délibéré des activités humanitaires et appelle fermement toutes les parties au conflit à respecter et protéger les opérations et le personnel humanitaires, conformément à leurs obligations liées au droit international humanitaire", a déclaré à l'AFP un porte-parole du PAM en Éthiopie.
Evoquant les "récentes attaques aveugles" des forces éthiopiennes et érythréennes, la cheffe de l'Agence américaine pour l'aide humanitaire (USAID), Samantha Power, juge, quant à elle, que "le risque d'atrocités et de pertes de vies supplémentaires s'intensifie, en particulier autour de Shire".
Les affrontements avaient repris en août au Tigré après une accalmie de cinq mois, ébranlant les espoirs de régler un conflit qui a provoqué la mort d'un nombre incalculable de civils et diminuant l'aide humanitaire nécessaire.
Le conflit a éclaté en novembre 2020 lorsqu'Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix, a envoyé des troupes contre le TPLF, le parti au pouvoir au Tigré qu'il accuse d'avoir organisé des attaques contre des camps militaires.
Le TPLF a dominé la coalition au pouvoir en Éthiopie pendant des décennies, avant qu'Abiy Ahmed n'arrive au pouvoir en 2018.
O.Zimmermann--HHA