Les syndicats dans la rue pour les salaires et contre les réquisitions
Quarante-huit heures après la "Marche contre la vie chère" des partis de gauche, la CGT, en pointe dans le conflit social des raffineries, et FO notamment, appellent les salariés de tous les secteurs à faire grève et manifester mardi pour les salaires et contre les réquisitions.
Le trafic du réseau RATP en Ile-de-France sera "perturbé" dans les RER A et B comme dans les bus, tandis qu'il sera "quasi normal" dans les métros, selon les premières prévisions communiquées dimanche.
Quant à la grève à la SNCF, elle pourrait générer "de fortes perturbations" dans les trains avec jusqu'à "un train sur deux" affecté dans certaines régions, selon le ministre délégué chargé des Transports, Clément Beaune.
La CGT recensait ce week-end "140 points de rassemblement dans toute la France, ce qui est déjà bien" compte tenu du court délai laissé aux militants pour s'organiser, a relevé auprès de l'AFP la secrétaire confédérale Céline Verzeletti.
La CGT, FO, Solidaires, la FSU et les organisations de jeunesse Fidl, MNL, Unef et la Vie lycéenne, ont annoncé jeudi l'organisation de cette journée de mobilisation interprofessionnelle, dans le prolongement des actions des salariés de l'industrie pétrolière, et en réaction à la décision du gouvernement de recourir à l'arme des réquisitions pour faciliter la distribution de carburant.
Une démarche qui a "mis le feu aux poudres", selon le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez. Et que le gouvernement n'a pas l'intention d'abandonner: affirmant que "le temps de la négociation (était) passé", le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a appelé lundi sur BFM TV à "libérer les dépôts de carburants et les raffineries".
Illustration de cette fermeté, le dépôt de Feyzin (Rhône) sera réquisitionné lundi à partir de 14H00, en plus de celui de Mardyck (Flandres), selon le ministère de la Transition énergétique.
Invité de France Inter lundi, M. Martinez a suggéré au gouvernement "d'organiser la distribution de carburant" et de "se mettre autour d'une table" avec les syndicats pour "discuter d'une augmentation du Smic, d'une échelle mobile des salaires".
Force ouvrière, qui n'avait pas participé à la précédente journée de mobilisation interprofessionnelle à l'appel de la CGT, le 29 septembre, a cette fois franchi le pas.
"La réquisition, c'est inacceptable et ça n'est jamais la bonne solution", a expliqué son secrétaire général Frédéric Souillot sur Public Sénat lundi.
Autres motifs de mécontentement pour des millions de salariés: l'inflation qui pèse sur le pouvoir d'achat, le durcissement à venir des règles d'indemnisation des chômeurs, la réforme des retraites attendue pour la fin de l'année.
- Vers la grève reconductible ? -
Responsables syndicaux et gouvernement seront particulièrement attentifs mardi au nombre de grévistes, notamment dans les secteurs stratégiques - transports, énergie... -, et aux éventuels appels à la grève reconductible qu'ils pourraient décider, par exemple dans le secteur ferroviaire.
Les cheminots peuvent escompter que l'approche des vacances scolaires de la Toussaint incite la direction de la SNCF à négocier.
Cette journée sera aussi l'occasion de mettre en lumière des secteurs moins visibles, comme l'agroalimentaire ou les "oubliés du Ségur" du médico-social, selon M. Martinez.
Si la journée du 29 septembre avait vu environ "un million de salariés" cesser le travail, Céline Verzeletti espère cette fois-ci "deux ou trois fois plus". "Cela va monter crescendo", veut-elle croire.
Dans la fonction publique, le préavis de grève couvre la période du 18 au 31 octobre, ce qui est selon elle inhabituelle.
La "Marche contre la vie chère" conduite par Jean-Luc Mélenchon dimanche à Paris est de bon augure pour la suite, pense-t-elle. La manifestation a réuni 140.000 participants selon les organisateurs, 30.000 selon une source policière et 29.500 selon un comptage du cabinet Occurrence pour un collectif de médias, dont l'AFP.
L'ancien candidat à la présidentielle a salué un "immense succès" et l'émergence d'un "nouveau Front populaire".
Après l'avoir envisagé, la CGT avait elle décidé de ne pas participer à cette Marche, disant préférer des revendications sur les "salaires" plutôt que sur la "vie chère". Nous souhaitons qu'"on favorise plutôt les mobilisations sociales et l'unité la plus large des organisations syndicales", a dit lundi M. Martinez, défendant avec ardeur "l'indépendance des organisations syndicales vis-à-vis des politiques".
Th.Frei--HHA