Les infrastructures énergétiques ukrainiennes à nouveau massivement visées à l'approche de l'hiver
L'armée russe a massivement frappé à nouveau les infrastructures énergétiques de l'Ukraine, dont près d'un tiers des centrales électriques ont ainsi été détruites en une semaine et où un millier de localités sont désormais privées d'électricité à l'approche de l'hiver.
Dans le même temps, signe des tensions croissantes sur la scène internationale depuis le début de la guerre, le 24 février, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a dit ne voir "aucun sens" à garder la même présence diplomatique dans les Etats occidentaux.
"Le plus important est qu'il n'y a pas de travail là-bas depuis que l'Europe a décidé de se fermer face à nous, de suspendre toute coopération économique" avec Moscou, a-t-il expliqué à de jeunes diplômés récemment embauchés par son ministère, préférant dorénavant donner la priorité à l'Asie et l'Afrique.
"Les forces armées russes ont continué de frapper avec des armes aériennes et maritimes de haute précision et de longue portée le commandement militaire et les systèmes énergétiques d'Ukraine", a de son côté annoncé le ministère russe de la Défense, selon lequel "toutes les cibles ont été touchées".
"Depuis le 10 octobre, 30% des centrales électriques ukrainiennes ont été détruites, provoquant des pannes massives dans tout le pays", a quant à lui dénoncé le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a réitéré son refus de négocier avec son homologue russe Vladimir Poutine.
"La situation est maintenant critique dans tout le pays, car nos régions sont dépendantes les unes des autres", a parallèlement averti un conseiller de la présidence, Kyrylo Timochenko, avant de demander que toute l'Ukraine "se prépare à ce qu'il puisse y avoir des pannes d'électricité, d'eau et de chauffage".
Les nouvelles attaques russes ont touché des villes et des villages sur l'ensemble du territoire ukrainien et fait au moins un mort à Mykolaïv (sud) et deux, voire trois, à Kiev, tandis que des pannes d'électricité étaient signalées à la fois dans la capitale et dans d'autres régions.
Lundi déjà, des frappes meurtrières -neuf personnes avaient péri-, à l'aide notamment de , avaient provoqué des coupures de courant dans trois régions.
Et une semaine auparavant, le 10 octobre, des bombardements russes d'une ampleur inégalée depuis des mois, également sur les infrastructures énergétiques, avaient fait au moins 19 morts et 105 blessés.
Les alliés occidentaux de Kiev avaient alors promis plus de systèmes de défense antiaérienne, dont certains ont déjà été livrés.
- L'Iran en ligne de mire -
"Sur les dernières 24 heures, l'ennemi a lancé 10 attaques de missiles et 58 attaques aériennes et effectué jusqu'à 60 tirs de lance-roquettes multiples", a résumé dans la matinée l'état-major des forces ukrainiennes.
Ce dernier a également fait état de l'envoi par l'armée russe de 43 drones "Shahed-136 de fabrication iranienne", dont "38 ont été abattus par des soldats ukrainiens".
"Nous n'avons pas de telles informations", a répondu le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, à la question d'un journaliste sur l'utilisation de tels aéronefs iraniens sans pilote par Moscou en Ukraine. "De la technologie russe est utilisée, avec des noms russes".
Kiev avait demandé lundi à l'Union européenne d'imposer davantage de sanctions à l'Iran, "responsable du meurtre d'Ukrainiens".
Ce pays a pour sa part répété n'avoir "exporté d'armes vers aucune des parties en guerre", tandis que Washington a menacé de sanctionner les entreprises ou les Etats collaborant au programme iranien de drones.
Dans ce contexte, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, a proposé mardi au président Zelensky de rompre les relations diplomatiques avec Téhéran, qui, a-t-il affirmé, a fourni des drones à la Russie "tout en nous disant être contre la guerre et ne soutenir aucune des parties".
- Bombardements tous azimuts -
Les Russes "continuent de faire ce qu'ils font le mieux - terroriser et tuer des civils. A Mykolaïv, l'ennemi a détruit un immeuble d'habitation avec des missiles S-300. Une personne a été tuée", s'est emporté Volodymyr Zelensky.
A Kiev, le parquet a fait état de deux morts et d'un blessé après "une attaque de missiles contre une installation d'approvisionnement en énergie sur la rive gauche de la capitale".
Son maire Vitali Klitschko a parlé de trois morts, des employés du site visé.
A Dnipro, dans le centre-est, "les Russes ont frappé une infrastructure énergétique (...) avec deux missiles. Il y a un incendie et de graves dégâts", ont rapporté les autorités locales.
Et "l'ennemi a tiré huit missiles" de la ville russe de Belgorod sur Kharkiv, dans le nord-est.
D'autres bombardements ont touché Jytomyr, une cité à l'ouest de Kiev, y coupant eau et électricité.
- "Défaut technique" -
Les Russes "attaquent des infrastructures essentielles (...) Les choses dont les gens ont besoin dans leur vie quotidienne et qui ne sont pas des cibles militaires", a estimé le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken. "C'est un signe de désespoir de la part de la Russie".
L'armée russe est sur la défensive sur l'essentiel du front en Ukraine, reculant depuis septembre aussi bien dans le nord que l'est et le sud. Le seul tronçon où elle avance encore est la zone de la ville de Bakhmout (est), qu'elle tente de prendre aux Ukrainiens depuis l'été, même si elle a affirmé mardi avoir repris un village, Gorobivka, dans les environs de Kharkiv - une première depuis qu'elle avait été chassée en septembre de cette zone.
La mobilisation partielle de centaines de milliers de réservistes russes, décidée par Vladimir Poutine après ses lourdes pertes en Ukraine, n'est pas "pour le moment" achevée, a fait savoir le Kremlin.
En Russie même, l’armée ukrainienne a bombardé deux villages dans la région frontalière de Koursk, Tiotkino et Popovo-Lejatchi, ont affirmé mardi les autorités russes.
Dans celle de Belgorod, également voisine de l’Ukraine, des tirs ukrainiens ont atteint une gare ferroviaire, faisant un blessé, selon son gouverneur Viatcheslav Beglov.
La veille, dans le sud-ouest de la Russie, à Ieïsk, en face de la ville ukrainienne de Marioupol, dévastée par les forces russes au début du conflit, un avion militaire russe s'était écrasé sur un immeuble d'habitation, déclenchant un gigantesque incendie. Dernier bilan en date : 15 morts.
Les enquêteurs russes disent privilégier la piste d'un "défaut technique" sur cet appareil, un Soukhoï 34.
W.Taylor--HHA