En pleine lutte pour sa survie politique, Liz Truss face à un test au Parlement
Profondément affaiblie, la Première ministre britannique Liz Truss affronte mercredi les députés pour la première fois depuis l'abandon en rase campagne de son programme économique, un test pour sa capacité à rebondir et à se maintenir à Downing Street.
Ce n'est que sa troisième séance du rendez-vous hebdomadaire des questions au Parlement mais il est déjà question de survie politique pour Liz Truss, dans cet exercice oratoire pour lequel elle est nettement moins à l'aise que son prédécesseur Boris Johnson.
Rejetée par l'opinion, contestée au sein de sa propre majorité, après six semaines au pouvoir, Liz Truss voit déjà son autorité réduite en lambeaux. Pour tenter de calmer la tempête économique et politique, la cheffe du gouvernement de 47 ans a dû revenir quasi-intégralement sur les baisses d'impôts massives qu'elle avait promises en campagne cet été.
La séance de questions au Parlement sera sa première prise de parole depuis un entretien à la BBC lundi soir, dans lequel elle s'est dite "désolée" pour ses "erreurs", tout en affichant sa détermination à rester au pouvoir.
Mais est-il encore temps pour espérer redresser la situation? Selon un sondage YouGov, seul un Britannique sur dix a une opinion favorable de Liz Truss, un sur cinq chez les électeurs du parti conservateur.
Et 55% des membres du parti majoritaire estiment que Liz Truss devrait démissionner alors que 38% souhaitent qu'elle reste en poste. 32% souhaitent voir Boris Johnson revenir au pouvoir, 23% verraient plutôt l'ex-ministre des Finances Rishi Sunak à Downing Street.
- Pas de successeur évident -
La crise remonte à la présentation fin septembre du "mini-budget" de son ministre des Finances d'alors, Kwasi Kwarteng, constitué de baisses d'impôts massives et d'un soutien colossal aux factures énergétiques, qui avaient fait craindre un dérapage des comptes publics.
La livre avait chuté à un plus bas historique et les taux d'emprunt à long terme de l'Etat avaient flambé. La Banque d'Angleterre avait dû intervenir pour empêcher la situation de dégénérer en crise financière.
Nommé à la hâte vendredi, le nouveau ministre des Finances Jeremy Hunt est revenu lundi sur la quasi-totalité des baisses d'impôts de son prédécesseur, donnant l'impression que le pouvoir était désormais entre ses mains plutôt qu'entre celles de la cheffe du gouvernement.
Cette dernière a assisté, muette, à la présentation de ce revirement humiliant au Parlement par Jeremy Hunt. Et elle s'était fait représenter par une autre ministre, Penny Mordaunt, pour s'expliquer devant l'opposition.
Les marchés ont semblé rassurés et le Fonds monétaire international a salué le retour à la "discipline budgétaire". Mais au-delà, tout reste à faire et les prochains mois s'annoncent difficiles avec un retour redouté à l'austérité faisant craindre une aggravation de la crise sociale provoquée par l'inflation galopante et le spectre d'une récession.
A deux ans des prochaines élections parlementaires, l'opposition travailliste terrasse les conservateurs dans les sondages.
Cinq députés de son parti ont déjà publiquement exhorté Liz Truss à partir. Mais faute de successeur évident, les conservateurs sont réticents à s'engager dans un nouveau et long processus de désignation et sont à la recherche d'un consensus pour s'accorder sur un nom, mais semblent loin d'y parvenir.
H.Rathmann--HHA