Après une reconduction matinale, les raffineurs décident de la suite de leur mouvement
La grève ira-t-elle jusqu'aux vacances de la Toussaint ? Après trois semaines de blocages, les grévistes matinaux des sites pétroliers de TotalEnergies ont reconduit leur mouvement mercredi, mais des assemblées générales décideront à la mi-journée de la suite de la grève qui crée toujours des pénuries de carburants à quelques jours des congés scolaires.
Dans le pays, 22,8% des stations-service étaient toujours en manque d'essence ou de diesel mardi soir, a annoncé mercredi matin la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher sur France Info.
"L'amélioration continue à se faire", a-t-elle assuré, en évoquant les Hauts-de-France où le taux de rupture est passé de "55% à moins de 20%".
A quelques jours des premiers départs, la pression monte plus que jamais sur le gouvernement. S'adressant aux Français, la ministre a assuré mettre "tout en œuvre pour qu’ils puissent partir en vacances tranquillement".
La mesure vise à "soulager" les deux régions Auvergne-Rhône-Alpes et Bourgogne-Franche-Comté, très touchées, selon la ministre. "Dix personnes peuvent débloquer le dépôt", a-t-elle souligné.
Et d'autres "devraient être réquisitionnées dans la journée", selon une source préfectorale, alors qu'un tiers des stations étaient toujours en difficulté mardi soir en Rhône-Alpes-Auvergne.
Mardi soir, à l'issue d'une journée de grèves et de manifestations dans tout le pays, la CGT a proposé la "reconduction du mouvement" des raffineries initié le 27 septembre jusqu'à mercredi en mi-journée, moment où se tiendront les nouvelles assemblées générales.
Comme prévu, les grévistes ont voté mercredi matin la reconduction à la raffinerie de Gonfreville en Normandie, a indiqué à l'AFP le secrétaire général CGT Total Normandie Alexis Antonioli.
La reconduction matinale concernait également les raffineries et dépôts de TotalEnergies de La Mède, Feyzin (le dépôt, la raffinerie étant à l'arrêt pour raison technique) et Flandres (dépôt), a confirmé Éric Sellini.
- "Rien n'est décidé" -
Selon Olivier Mateu, secrétaire départemental CGT des Bouches-du-Rhône, "rien n'est décidé" pour la suite. "Ce sont les salariés qui décideront", insiste Éric Sellini.
De nombreux élus du syndicat doivent participer mercredi matin en vidéoconférence à une réunion nationale où chaque section doit se prononcer et une décision être prise concernant un appel à une grève générale, a précisé M. Mateu.
"Au-delà des raffineurs et des 14.000 salariés de TotalEnergies, nous portons aussi la voix de ceux qui souffrent du fait que les salaires ne suivent pas l'inflation et qui voient l'hiver arriver avec des promesses de hausse sur les prix de l'énergie ou de l'alimentation", a fait valoir M. Sellini.
Au total, 107.000 personnes ont d'ailleurs manifesté mardi en France pour demander de meilleurs salaires selon le ministère de l'Intérieur, "près de 300.000" selon la CGT. Lors de la précédente journée du même type, la CGT avait dénombré moins de participants (250.000), mais l'Intérieur davantage (118.500).
Dans le reste du secteur de l'énergie, la CGT a signé un accord de branche avec FO et la CFDT portant sur des augmentations dans les industries gazières et électriques (IEG), a-t-on appris mardi de sources concordantes. Ce qui constitue une première étape pour l'ouverture de négociations salariales en bonne et due forme dans les 157 entreprises concernées dont EDF et Engie.
Chez TotalEnergies, qui relève du secteur de la chimie au sein des organisations professionnelles, la CGT n'a pas signé l'accord salarial conclu vendredi entre la direction et les deux syndicats majoritaires, la CFE-CGC et la CFDT.
L'accord prévoit une hausse générale de 5% des salaires, assortie de hausses individuelles et d'une prime exceptionnelle comprise entre 3.000 et 6.000 euros. La CGT réclamait 10% pour compenser l'inflation et profiter des revenus exceptionnels engrangés par le groupe en 2021.
bur-im-nal-mac-dfa/ico/gvy
R.Hansen--HHA