L'armée ukrainienne avance dans le sud, Kiev accuse Moscou de freiner les exportations de blé
Kiev a revendiqué vendredi de nouvelles avancées dans la région stratégique de Kherson, une ville du sud de l'Ukraine dont la Russie a entrepris d'évacuer la population civile.
Le président ukrainien s'est félicité vendredi soir dans une vidéo des "bons résultats" de son armée dans cette région où, a-t-il affirmé plus de 30 blindés russes ont notamment été capturés.
Il a aussi accusé la Russie de retarder "délibérément" en mer Noire le passage des navires chargés de céréales ukrainiennes, un approvisionnement vital pour de nombreux pays d'Afrique et d'Asie.
Lloyd Austin a également parlé avec son homologue ukrainien Oleksiï Reznikov, réitérant "l'engagement inébranlable des Etats-Unis à soutenir la capacité de l'Ukraine à contrer l'agression de la Russie".
Sur le terrain, un conseiller de la présidence ukrainienne, Kyrylo Timochenko, a fait état de "88 localités reprises" aux forces russes dans la région de Kerson.
Les autorités russes ont annoncé de leur côté la mort de quatre personnes, dont deux journalistes, lors d'un bombardement nocturne sur un pont enjambant le fleuve Dniepr à Kherson.
La télévision russe a diffusé des images d'une voiture endommagée et d'un embouteillage de véhicules attendant pour traverser le fleuve.
L'armée ukrainienne a nié avoir visé des civils: "Nous ne touchons pas les infrastructures essentielles, nous ne touchons pas les localités pacifiques et la population locale", a déclaré une porte-parole, Natalia Goumeniouk.
Les forces prorusses ont exhorté les civils à se déplacer sur la rive gauche du Dniepr face à la contre-offensive ukrainienne.
"La ville de Kherson, comme une forteresse, prépare sa défense", a affirmé un responsable de l'occupation russe à Kherson, Kirill Stremooussov.
Kherson est la première ville importante à avoir été prise par les forces russes au début de leur offensive.
L'administration prorusse prévoit d'évacuer "50.000 à 60.000" personnes en quelques jours.
- Barrage "miné" -
L'Ukraine a réclamé vendredi une mission d'observation internationale au barrage de Kakhovka, en amont de Kherson sur le fleuve Dniepr, ou elle accuse la Russie de "préparer consciemment le terrain pour une catastrophe de grande ampleur".
Le président Volodymyr Zelensky a accusé jeudi les forces russes d'avoir "miné le barrage et les unités de la centrale hydroélectrique de Kakhovka", une des plus grandes infrastructures du genre en Ukraine.
Les autorités d'occupation russe de Kherson ont, elles, démenti tout minage du barrage.
Frappée dans ses infrastructures énergétiques depuis une dizaine de jours alors que l'hiver approche, confrontée aux forces russes au sud et à l'est, l'Ukraine s'était en outre alarmée jeudi de l'ouverture possible d'un nouveau front au nord, depuis le Bélarus.
Le président du Bélarus, Alexandre Loukachenko, a réagi vendredi en affirmant que son pays n'avait "pas besoin" d'une guerre avec l'Ukraine, en visitant un centre d'entraînement militaire.
Téhéran, accusé par les Occidentaux de fournir des drones à la Russie, a pour sa part conseillé vendredi à ses ressortissants en Ukraine de partir "au vu de l'intensification des affrontements militaires et de l'augmentation de l'insécurité", selon l'agence iranienne Tasnim.
Les Etats-Unis étaient allés plus loin dans leurs accusations jeudi, la Maison Blanche affirmanr que des militaires iraniens se trouvaient en Crimée pour aider les Russes au maniement des drones kamikazes lancés contre des villes et infrastructures en Ukraine.
- "150 navires" en attente -
Sur le terrain, outre la situation dans la région de Kherson, les autorités ukrainiennes ont signalé des bombardements russes vendredi matin sur les villes de Kharkiv (nord-est) et Zaporijjia (sud-est).
"L'ennemi a lancé une attaque à la roquette sur la ville de Kharkiv (notamment) en touchant une infrastructure industrielle", selon le gouverneur régional Oleg Sinegoubov.
Le gouverneur de Zaporijjia, Oleksandre Starouk, a fait état sur Telegram de "frappes de roquettes sur la ville".
En Russie, c'est le gouverneur de la région de Belgorod, frontalière de l’Ukraine, Viatcheslav Goudkov, qui a évoqué sur Telegram un bombardement ukrainien sur une zone industrielle ayant fait un blessé.
Sur la question des exportations de céréales, dont le blocage avait provoqué la flambée des cours mondiaux avant un accord en juillet, le président ukrainien a accusé la Russie de retarder à dessein le passage des navires chargés de céréales ukrainiennes, un approvisionnement vital pour de nombreux pays d'Afrique et d'Asie.
"Plus de 150 navires sont dans une file d'attente pour remplir les obligations contractuelles d'approvisionnement de nos produits agricoles. Il s'agit d'une file d'attente artificielle, apparue uniquement parce que la Russie retarde délibérément le passage des navires", a déclaré M. Zelensky dans une vidéo.
La Russie et l'Ukraine s'étaient mis d'accord en juillet pour reprendre les exportations de céréales ukrainiennes, stoppées depuis le début de la guerre, après un accord parrainé par l'ONU et la Turquie.
La Russie a par la suite critiqué cet accord, affirmant que ses propres exportations étaient entravées par les sanctions.
L'Union européenne a enfin fait savoir qu'elle projetait de fournir une aide de 1,5 milliard d'euros par mois à l'Ukraine en 2023 pour soutenir ce pays en guerre, soit un total de 18 milliards pour l'année.
Th.Frei--HHA