Campagne pour Downing Street: Johnson de retour à Londres, Sunak creuse l'écart
L'ex-Premier ministre Boris Johnson est rentré à Londres samedi matin, après des vacances dans les Caraïbes, renforçant l'hypothèse de sa candidature dans la course à Downing Street, mais Rishi Sunak, seul à avoir atteint les 100 parrainages nécessaires, continuait de creuser l'écart.
Après la démission de Liz Truss, restée seulement 44 jours au pouvoir, trois noms ont émergé dans cette campagne éclair au sein du parti conservateur: l'actuelle ministre des Relations avec le Parlement Penny Mordaunt, qui a officialisé sa candidature vendredi, Rishi Sunak, l'ancien ministre des Finances qui avait perdu début septembre face à Liz Truss, et l'ex-Premier ministre Boris Johnson, qui a démissionné en juillet après une succession de scandales.
Boris Johnson a salué de la main les médias devant l'aéroport de Gatwick en milieu de matinée avant de s'engouffrer dans une voiture. Vendredi soir, un allié de Boris Johnson au Parlement, James Duddridge, avait rapporté un échange avec son "boss". "Il a dit: +Nous allons le faire, je suis prêt+", selon ce député.
Mais l'ex-Premier ministre, qui avait quitté le Parlement le 20 juillet en lançant "Hasta la vista, baby!", n'a pas encore officiellement annoncé sa candidature.
Rishi Sunak dont la démission du gouvernement Johnson, suivie d'une soixantaine d'autres, avait conduit à celle de son patron, devrait "bientôt" confirmer sa candidature, a indiqué la BBC samedi en début d'après-midi.
Il est le premier à avoir dépassé vendredi soir le seuil des 100 parrainages requis pour espérer prendre la tête du parti conservateur et donc remporter Downing Street.
- "La pire idée en 46 ans" -
Les candidats ont jusqu'à lundi après-midi pour obtenir ces parrainages.
Les députés voteront d'abord et, s'il reste deux candidats en lice, les 170.000 adhérents du parti devront les départager par un vote en ligne d'ici au 28 octobre.
En cas de candidat unique, il entrerait directement à Downing Street en début de semaine.
Samedi, la partie se jouait en grande partie en coulisses pour Johnson et Sunak, qui sont à couteaux tirés depuis l'été dernier, chacun tentant d'obtenir plus de parrainages.
Selon le site Guido Fawkes, qui suit de près les soubresauts de la course, Rishi Sunak avait samedi matin 119 parrainages, devant Boris Johnson (71) et Penny Mordaunt (25).
Les alliés de Rishi Sunak étaient en campagne samedi dans les médias.
Rishi Sunak "est le candidat idéal", a affirmé sur Sky News Dominic Raab, ex-vice Premier ministre. "Si vous regardez le défi économique que nous avons, il est celui qui a toujours eu raison sur ce dont nous avons besoin", a-t-il affirmé.
"Nous ne pouvons pas avoir un autre épisode (...) du feuilleton du partygate", les fêtes illégales à Downing Street durant le confinement anti-Covid, a-t-il également dit.
Les derniers mois du mandat de Johnson ont été marqués par plusieurs scandales, dont celui du "partygate" dans lequel la police avait estimé qu'il avait enfreint la loi.
Il fait toujours l'objet d'une enquête de la Commission des normes parlementaires qui pourrait, en théorie, aboutir à sa suspension du Parlement, voire son expulsion en tant que député.
L'ancien chef du parti conservateur, William Hague, a averti qu'un retour de Boris Johnson aboutirait à une "spirale de la mort" pour le parti. "C'est probablement la pire idée que j'ai entendue depuis 46 ans que je suis membre du parti conservateur", a-t-il déclaré à Times Radio.
De même, un proche allié de Johnson pendant la campagne pour le Brexit, David Frost a affirmé sur Twitter qu'il fallait "aller de l'avant". "Il n'est tout simplement pas juste de risquer de répéter le chaos et la confusion de l'année dernière", a-t-il ajouté.
Mais Boris Johnson peut toujours compter sur de solides soutiens, comme celui de son ancien ministre de l'Intérieur Priti Patel.
Pour le député conservateur Andrew Stephenson, "c'est un leader qui a fait ses preuves". "Non seulement il nous a offert cette victoire historique lors des élections générales de 2019, mais il a aussi obtenu le Brexit, il a mis en place le déploiement de vaccins le plus rapide d'Europe, il est resté aux côtés de nos alliés en Ukraine", a-t-il ajouté.
Le prochain Premier ministre sera le cinquième depuis 2016, quand le Royaume-Uni a voté pour quitter l'Union européenne.
F.Carstens--HHA