Cyrielle Chatelain, une écologiste encore peu connue, "sérieuse" et au service du "collectif"
Inconnue du grand public, Cyrielle Chatelain, qui a défendu la motion de censure de la Nupes à l'Assemblée contre le projet de budget 2023, est considérée comme une écologiste "sérieuse", "consensuelle" et qui joue "collectif", loin des "buzz" à la Sandrine Rousseau, selon plusieurs de ses pairs.
La députée de l'Isère, 35 ans, qui a battu au second tour des législatives le sortant Jean-Charles Colas-Roy (Renaissance), a été mise en lumière dès le mois de juin en devenant la co-présidente du groupe EELV à l'Assemblée avec Julien Bayou.
"Sur cette coprésidence, je suis sans doute presque aussi connue que Julien Bayou, mais pas encore", ironisait-elle alors.
Son baptême du feu a eu lieu en septembre: son binôme, confronté à des accusations de violences psychologiques sur son ex-compagne, a dû quitter présidences du groupe et du parti, la laissant seule à la tête des 23 députés écologistes.
Face au duel fratricide entre Julien Bayou et sa collègue Sandrine Rousseau - à l'origine de la publicité des accusations -, Cyrielle Chatelain a réussi à maintenir l'union entre les députés.
"Elle a fait un vrai travail de rassemblement", s'enthousiasme la députée et porte-parole du groupe Sabrina Sebaihi, quand le député EELV Charles Fournier salue pour sa part une gestion de "l'affaire Bayou avec justesse".
Pour M. Fournier, Cyrielle Chatelain "peut devenir une personnalité si elle continue à incarner le collectif, car c'est aussi ce qui fait sa force".
Encore faudrait-il que cette mère de deux filles qui vit dans la banlieue grenobloise parvienne à acquérir une notoriété auprès du grand public, aujourd'hui quasi nulle, et déjouer les légendaires batailles d'égo propres aux cadres d'EELV.
La cheffe de file des députés écologistes a déjà prévenu: elle entend parler seulement "des enjeux écolos" et plus de l'affaire Bayou-Rousseau.
L'ancienne assistante parlementaire du député écologiste du Doubs Éric Alauzet n'entend pas non plus se prononcer sur le congrès de décembre qui doit désigner une successeur à Julien Bayou: "Je ne signerai aucune des motions, mon rôle est que le parti et le groupe s'articulent bien", explique celle qui avait soutenu Eric Piolle à la dernière primaire écologiste.
- "Apaisement et dialogue" -
Engagée à 18 ans au sein du mouvement écologiste, l'élue iséroise, qui a travaillé dans une fédération d'associations d'insertion par le logement puis à la métropole de Grenoble, préfère "le fond à la forme", note Sabrina Sebaihi, qui salue "la qualité de son travail" et sa "rigueur" sur les dossiers.
Et "elle sait travailler au consensus, il n'y a pas de brutalité dans sa manière de faire de la politique", juge-t-elle, en observant qu'"elle n'est pas dans le buzz".
Un élu socialiste confirme: c'est "une personnalité nouvelle qui arrive à trouver sa place sans écraser les autres". Elle est "un peu l'anti-Sandrine Rousseau. Une personnalité pas forcément très connue, mais qui incarne une forme de sérieux et de dialogue", poursuit la même.
Le choix de cette députée pour être la première oratrice de la motion de censure de la Nupes apparait comme une évidence pour certains: "C'est une personne utile au fonctionnement collectif", estime le député PS Arthur Delaporte, qui salue son souci d'"apaisement et le dialogue".
Cette titulaire d'un master en entrepreneuriat en économie sociale et solidaire, qui défend "des propositions radicales" face à l'urgence climatique, juge le gouvernement "obtus et fermé": "Vous mentez", a-t-elle attaqué d'emblée face à la Première ministre, lors de son discours pour défendre la motion de censure, en dénonçant "l'inaction climatique du gouvernement" et sa "stratégie de fin de règne".
La députée, qui défend farouchement l'alliance de gauche Nupes - son suppléant aux législatives est un élu LFI -, ne cache pas non plus ses désaccords, comme par exemple quand LFI souhaitait voter une motion de censure déposée par les troupes lepénistes: "Nous, nous ne voterons jamais de motions de censure venues du RN", affirme-t-elle.
E.Bekendorp--HHA