Italie: Giorgia Meloni présente son programme au parlement
La nouvelle Première ministre italienne Giorgia Meloni présente mardi matin son discours de politique générale au parlement, un mois jour pour jour après la victoire historique de son parti post-fasciste Fratelli d'Italia aux législatives.
Mme Meloni "est en train de mettre la dernière main au discours qu'elle prononcera devant la Chambre des députés (...) Son intention est de définir un cadre programmatique (...) avec pour objectif de mettre en oeuvre les engagements pris auprès des Italiens durant la campagne électorale", ont indiqué lundi soir des sources gouvernementales.
Probablement centré sur la crise énergétique et l'inflation affectant ménages et entreprises, le discours de Mme Meloni, première femme cheffe de gouvernement de l'Histoire italienne qui a pris ses fonctions dimanche, sera suivi d'un vote de confiance, mardi soir à la Chambre des députés et mercredi au Sénat.
La successeuse de Mario Draghi est assurée de remporter ces deux votes puisque sa coalition avec la Ligue antimigrants de Matteo Salvini et Forza Italia, le parti conservateur de Silvio Berlusconi, dispose de la majorité absolue dans les deux chambres.
Paradoxalement, alors que son parti avait campé dans une opposition frontale au gouvernement de Mario Draghi, son programme devrait s'inscrire dans la continuité de celui de l'ex-chef de la Banque centrale européenne (BCE), au moins dans le domaine économique.
Elle a en effet confié le portefeuille crucial de l'Economie à un ex-ministre de M. Draghi, Giancarlo Giorgetti, représentant de l'aile modérée de la Ligue.
Elle a en outre pris comme conseiller au palais Chigi, le siège du gouvernement, l'ex-ministre de la Transition écologique de M. Draghi, Roberto Cingolani, qui suivait les dossiers énergétiques tant à Rome qu'à Bruxelles.
"Sur la politique économique, il y a un soutien populaire général en Italie pour ce que faisait Draghi", observe pour l'AFP Gilles Moëc, chef économiste du groupe Axa.
- Abolition du revenu minimum? -
Des nominations qui visent à rassurer aussi bien les marchés que Bruxelles et les partenaires européens de la troisième économie de la zone euro, dont la croissance dépend des près de 200 milliards d'euros de subventions et de prêts accordés par l'Union européenne dans le cadre de son fonds de relance post-pandémie.
Ces fonds dépendent d'une série de réformes, allant de la justice à la numérisation de l'administration publique, qui doivent être mises en œuvre d'ici à 2026. La coalition de Mme Meloni a promis de revoir ce plan, mais elle n'a pas encore dit comment, et comme une partie des fonds a déjà été versée, Bruxelles ne permettra vraisemblablement pas de changements majeurs.
"Toute stratégie de tensions avec la Commission européenne serait vraiment tenter le diable dans un environnement financier très peu porteur", estime Gilles Moëc.
Cette manne est en effet indispensable pour un pays dont la dette atteint 150% du PIB, soit le ratio le plus élevé de la zone euro après la Grèce, et qui devrait entrer en récession en 2023, selon les prévisions du Fonds monétaire international.
Les nombreux défis qui attendent son gouvernement sont donc essentiellement économiques, à commencer par l'inflation et la dette publique.
L'inflation a augmenté de 8,9% sur un an en septembre, alimentée par la hausse des prix des denrées alimentaires (+11,4%) et de l'énergie (+44,5%), pénalisant les ménages et les entreprises.
L'Italie a été particulièrement touchée par la crise énergétique en raison de sa dépendance aux importations de gaz russe.
Parmi les autres thèmes susceptibles d'êtres abordés dans son discours figure l'abolition du "revenu de citoyenneté", un revenu minimum pour les plus pauvres qui avait été instauré en 2019 à l'instigation du Mouvement 5 Etoiles (ex-antisystème).
En revanche, Giorgia Meloni, une ultra-conservatrice qui a pour devise "Dieu, patrie, famille", a promis de ne pas toucher à la loi autorisant l'avortement.
E.Gerber--HHA