Ukraine : coupures d'électricité "sans précédent" dans la région de Kiev
L'Ukraine a annoncé vendredi des coupures d'électricité "sans précédent" dans la région de Kiev, les installations énergétiques ukrainiennes ayant été lourdement endommagées par de nombreuses frappes russes ces dernières semaines.
La Russie a, quant à elle, annoncé avoir achevé en plus d'un mois la mobilisation de 300.000 réservistes, dont 41.000 sont déjà déployés en Ukraine, signe de la volonté de Vladimir Poutine de rapidement inverser la tendance après une série de revers.
"Malheureusement, des coupures plus sévères et plus longues seront mises en place ces prochains jours", a annoncé vendredi l'opérateur ukrainien DTEK sur Facebook.
Cité par l'agence de presse Interfax-Ukraine, son directeur exécutif de DTEK, Dmytro Sakharouk, a précisé que "ces restrictions dureraient de cinq à six heures" contre quatre prévues jusqu'alors.
A la suite des récentes attaques russes sur les infrastructures électriques, les autorités ukrainiennes avaient déjà dû imposer des coupures de courant quotidiennes de quelques heures dans de nombreuses régions, notamment dans la capitale Kiev, pour éviter des black-outs.
L'AFP a pu visiter jeudi une centrale électrique ukrainienne touchée par les Russes, où deux employés notamment s'affairaient à fixer un câble sur un grand pylône.
Selon lui, la centrale a été visée deux fois par des missiles et une troisième par un drone suicide de fabrication iranienne.
Vendredi, le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, a demandé à son homologue iranien d'arrêter "immédiatement" de fournir des armes à Moscou, dans la première conversation téléphonique entre ces deux responsables depuis que Kiev a accusé la Russie de frapper des villes ukrainiennes à l'aide de ces drones Shahed 136.
- 300.000 réservistes russes -
En Russie, "la tâche de recruter 300.000 personnes a été accomplie", a déclaré le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, à M. Poutine au cours d'un échange diffusé à la télévision.
Selon le ministre, 218.000 réservistes sont en train d'être formés dans des bases militaires russes, 41.000 sont déployés dans des unités militaires combattant en Ukraine et 41.000 autres sont encore en formation mais déjà dans la zone de conflit.
Pour Vladimir Poutine, qui a salué face à son ministre "le patriotisme" des soldats mobilisés depuis le 21 septembre, l'arrivée de ces hommes, qui étaient encore des civils il y a quelques semaines, doit permettre de consolider les lignes russes face à l'armée ukrainienne qui a obtenu d'importants gains territoriaux dans l'est et le sud de l'Ukraine ces deux derniers mois.
Les troupes de Kiev s'apprêtent d'ailleurs à livrer une féroce bataille pour reprendre la ville de Kherson et ses districts environnants (sud). Moscou a affirmé en avoir évacué tous les civils désireux de partir vers la Russie ou dans des zones sous contrôle russe, les autorités d'occupation se contredisant toutefois sur le fait de savoir si des départs avaient encore lieu vendredi en fin de journée ou non.
Mercredi, le chef de l'administration mise en place par les Russes à Kherson, Vladimir Saldo, avait pour sa part affirmé qu'au moins 70.000 personnes avaient quitté leur domicile en moins d'une semaine.
- "Très douloureux"-
Illustration de l'intensité des combats près de Kherson, le dirigeant de la république russe de Tchétchénie Ramzan Kadyrov, dont les forces combattent en Ukraine, a annoncé la mort de 23 de ses soldats dans un bombardement ukrainien qui a aussi fait 58 blessés.
M. Kadyrov est un partisan de la ligne "dure" face à Kiev, ayant appelé à des frappes nucléaires et assurant que ses troupes y livraient une guerre sainte contre des "satanistes".
Ailleurs sur le front, les autorités ukrainiennes ont signalé des bombardements russes ayant endommagé deux immeubles d'habitation et une boulangerie à Mykolaïv, dans le sud, et ayant fait un blessé.
A Kiev, quelques dizaines d'Iraniens se sont rassemblés vendredi pour manifester leur solidarité avec les Ukrainiens et contre l'utilisation par les Russes de drones de fabrication iranienne pour frapper l'Ukraine, a constaté un journaliste de l'AFP.
"Le pays où nous sommes nés et le régime actuellement au pouvoir (en Iran) envoient des drones pour nous tuer, ainsi que nos amis (en Ukraine). C'est très douloureux", a déploré auprès de l'AFP Maziar Mian, un architecte iranien de 34 ans.
Pour faire face aux attaques aériennes russes, le maire de Kiev, Vitali Klitchko, a fait savoir vendredi que l'armée avait déployé de "nouveaux équipements de la défense antiaérienne" afin de mieux protéger les infrastructures essentielles de la capitale.
La Russie accuse de son côté depuis plusieurs jours l'Ukraine de préparer l'explosion d'une "bombe sale", c'est-à-dire contenant des éléments radioactifs, des allégations que Kiev et les Occidentaux ont qualifiées d'"absurdes" et pouvant servir à Moscou de prétexte à une escalade.
S'exprimant au cours d'un forum politique jeudi, Vladimir Poutine avait appelé à envoyer "au plus vite" une mission de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) en Ukraine. Celle-ci compte procéder cette semaine à une "vérification indépendante" sur place.
A.Baumann--HHA