Benny Gantz, le "Monsieur sécurité" qui veut devenir Premier ministre d'Israël
"Plus que jamais, Israël a besoin d'un leadership avec de l'expérience sécuritaire". L'ex-chef de l'armée Benny Gantz ressort sa carte de "Monsieur sécurité" pour séduire les électeurs aux prochaines législatives et tenter de s'imposer comme une alternative crédible au poste de Premier ministre.
Grand, baraqué et yeux azur, l'ancien général de 63 ans n'avait aucune expérience politique lorsqu'il s'est jeté dans l'arène en 2019 pour former le parti de centre-droit "Bleu-Blanc" (les couleurs du drapeau israélien) dont le but assumé était de chasser du pouvoir Benjamin Netanyahu, alors chef de gouvernement.
Depuis cette date, il a mené quatre batailles électorales contre l'ancien Premier ministre, sans jamais véritablement triompher de lui, et a rempilé cette année pour un cinquième round à la tête d'une coalition nommée "Parti national de l'unité" qui a recruté un autre ancien chef d'état-major: Gadi Eizenkot.
En mai 2020, pour sortir de l'impasse politique et répondre à la crise du coronavirus, il avait créé la surprise en s'alliant avec son adversaire à la faveur d'un accord de rotation au pouvoir que M. Netanyahu n'avait pas respecté, provoquant en 2021 de nouvelles élections au terme desquelles il a rejoint une coalition aujourd'hui menée par Yaïr Lapid.
Pour les nouvelles élections du 1er novembre, Benny Gantz cherche à s'imposer comme une troisième voix entre MM. Lapid et Netanyahu, assurant pouvoir réunir le nombre d'élus nécessaires à la formation d'une coalition "d'union".
"J'espère arriver à réunir autour de moi le maximum de formations, mettre fin au joug politique de Netanyahu et former un gouvernement sans se reposer sur les extrêmes", déclare-t-il dans un entretien à l'AFP.
- Stabilité -
S'il propose une vision plus libérale de la société que M. Netanyahu, et souhaite mettre en place un gouvernement laïc favorable au mariage civil, ce qui n'est pas d'usage en Israël, ce fils d'immigrants roumain et hongrois rescapés de la Shoah soigne, comme lui, son image de faucon.
Cet ex-militaire à l'attitude décontractée et abordable affirme vouloir conserver le contrôle militaire israélien sur la majeure partie de la Cisjordanie --territoire palestinien occupé par l'armée israélienne depuis 1967--, annexer la vallée du Jourdain et mettre fin aux attaques venant de la bande de Gaza.
A 18 ans, il rejoint l'armée dont il gravit les échelons et obtient le grade de général en 2001 avant de devenir chef d'état-major de 2011 à 2015, dirigeant ainsi l'armée pendant deux guerres contre le mouvement Hamas au pouvoir dans la bande de Gaza, enclave palestinienne sous blocus israélien.
"Il n'a pas laissé de traces indélébiles dans l'armée, mais a conservé une image de stabilité et d'honnêteté", selon Amos Harel, journaliste spécialiste des affaires militaires au quotidien Haaretz.
Disant vouloir frapper les groupes palestiniens responsables d'attaques anti-israéliennes, il s'entretient dans le même temps avec l'Autorité palestinienne, dont il rencontre le président Mahmoud Abbas à plusieurs reprises pour évoquer des "questions de sécurité et d'économie".
En août dernier, il lance en tant que ministre de la Défense une opération éclair contre le Jihad islamique dans la bande de Gaza. Au total, 49 Palestiniens sont tués, parmi lesquels des combattants dans cette nouvelle escalade.
"C'est une réussite sur le plan militaire (...) Nous n'hésiterons pas à l'avenir à mener d'autres opérations de ce genre", se félicite-t-il.
Marié et père de quatre enfants, Benny Gantz est titulaire d'une licence d'histoire de l'université de Tel-Aviv, d'un master en sciences politiques de l'université de Haïfa (nord) et d'un master en gestion de ressources nationales de la National Defense University aux Etats-Unis.
H.Eggers--HHA