Ukraine: des installations énergétiques touchées, 80% des consommateurs de Kiev sans eau
Une "attaque massive" russe a eu lieu lundi matin contre des installations énergétiques dans plusieurs régions d'Ukraine, privant d'eau 80% des consommateurs de la capitale Kiev et laissant "des centaines de localités" sans électricité.
Au nord de la capitale, une quinzaine de soldats et policiers bloquaient la circulation et interdisaient l'accès à la route qui conduit à un site touché, a constaté une équipe de l'AFP.
Interrogé par l'AFP, un militaire qui bloquait l'accès avec une quinzaine d'autres soldats et policiers précise que "trois missiles ont touché leur cible à une centaine de mètres".
Rencontrée non loin de ce site, Mila Ryabova, une traductrice de 39 ans, a indiqué à l'AFP "avoir été réveillée par de puissantes explosions, entre huit et dix".
"Il n'y a plus d'électricité chez nous, ni à l'école", témoigne à l'AFP cette mère d'une fille de 9 ans. "Un hiver froid se profile. On n'aura peut-être pas d'électricité, de chauffage. Cela pourrait être compliqué à vivre, surtout avec un enfant", dit-elle.
A Kiev, où au moins cinq explosions ont été entendues tôt lundi par des journalistes de l'AFP, "80% des consommateurs de la capitale" sont privés d'eau, a affirmé sur Telegram le maire Vitaly Klitscho, précisant également que "350.000 foyers étaient sans électricité".
"Les terroristes russes ont, une fois de plus, lancé une attaque massive contre des installations du système énergétique dans un certain nombre de régions", a déploré plus tôt un conseiller de la présidence ukrainienne, Kyrylo Timochenko.
Selon le Premier ministre Denys Chmygal, "des missiles et des drones ont touché 10 régions, endommageant 18 installations, la plupart liées (au système) énergétique".
"Des centaines de localités" se trouvent sans électricité "dans sept régions" ukrainiennes, a-t-il ajouté.
"Au lieu de se battre sur le terrain militaire, la Russie combat des civils", a, lui, fustigé Dmytro Kouleba, le chef de la diplomatie ukrainienne.
Selon l'armée de l'air ukrainienne, "plus de 50 missiles de croisière ont été lancés" sur l'Ukraine "à l'aide d'avions", depuis le nord de la mer Caspienne et de la région russe de Rostov.
Les débris de l'un d'entre eux, abattu par les forces de Kiev, sont tombés sur un village moldave frontalier de l'Ukraine, a affirmé Chisinau, faisant état de dégâts matériels mais pas de victime dans l'immédiat.
- "Faux prétexte" -
Ces nouvelles frappes massives interviennent après l'annonce ce week-end par Moscou de la suspension de sa participation à l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes, vitales pour l'approvisionnement alimentaire mondial.
Deux cargos chargés de céréales ont toutefois quitté lundi les ports ukrainiens et emprunté le corridor maritime humanitaire à destination de la Turquie, selon le site spécialisé Marine traffic.
Douze cargos doivent quitter dans la journée les ports ukrainiens et quatre autres se diriger vers eux, dont l'un, sous pavillon turc, a déjà pris la mer, a précisé le Centre de coordination conjointe (JCC), chargé de superviser l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes via la mer Noire.
Selon le ministre ukrainien de l'Infrastructure, Oleksandre Koubrakov, lundi, "les délégations onusienne et turque fournissent 10 équipes d'inspection pour inspecter 40 navires". "Ce plan d'inspection a été accepté par la délégation ukrainienne", a-t-il affirmé, soulignant que "la délégation russe en a été informée".
Samedi matin, une attaque de drones massive a visé des navires militaires et civils de la flotte russe de la mer Noire stationnés dans la baie de Sébastopol, en Crimée annexée, provoquant la colère de Moscou. Un bateau militaire a été touché.
Le ministère russe de la Défense a accusé Londres d'avoir aidé Kiev dans "la mise en oeuvre de cet acte terroriste", ce que le Royaume-Uni a fermement nié.
Kiev a, de son côté, dénoncé dimanche des exportations de céréales devenues "impossibles" du fait du blocus russe réinstauré par la Russie, décrivant les accusations russes comme un "faux prétexte".
Dans son intervention vidéo quotidienne, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé dimanche soir que "la Russie est la seule responsable du fait que la nourriture va devenir plus chère en Afrique de l'Ouest et en Asie de l'Est. La Russie est la raison pour laquelle la population, en Ethiopie, en Somalie ou au Yémen, va devoir faire face à des pénuries catastrophiques".
L'UE et l'ONU ont condamné le retrait russe de cet accord essentiel conclu en juillet sous égide de l'ONU et de la Turquie, le président américain Joe Biden le jugeant "scandaleux".
A Istanbul, le JCC a indiqué que la délégation russe participant aux inspections des navires transportant des céréales ukrainiennes s'en retirait "pour une durée indéterminée".
E.Gerber--HHA