Les forces de l'ordre mobilisées contre les trafiquants utilisant la route des Balkans
A la frontière bulgaro-turque, l’œil aiguisé d'un policier l'a immédiatement repéré. Caché dans le toit d'un camion, un migrant voit un périple dangereux s'arrêter aux portes de l'UE, alors que les forces de l'ordre sont mobilisées pour freiner les trafiquants.
L'AFP a observé la scène ainsi que certains des dizaines de milliers de contrôles effectués lors de l'opération ciblant le trafic d'êtres humains, d'armes à feu et de drogues, principalement à travers les Balkans et en Europe du Sud-Est.
Europol, qui a coordonné l'opération avec l'Espagne, a annoncé vendredi que celle-ci a mené à l'arrestation de 382 personnes, précisant que près de 2.500 entrées clandestines sur le territoire de l'UE ont été détectées, et 106 armes à feu ont été saisies.
La route des Balkans, plaque tournante logistique importante, voit des milliers de camions entrer dans l'UE avec différents biens, dont de la nourriture et des matériaux de construction.
Mais la région est également largement utilisée pour les passages clandestins et le trafic d'êtres humains, d'armes à feu et de drogue vers l'UE.
Les trafiquants "s'approvisionnent en armes principalement dans les pays des Balkans occidentaux, où les ressources humaines spécialisées dans les armes à feu sont largement disponibles", selon l'agence de l'Union européenne pour la coopération policière.
Comme les drogues, les armes sont souvent passées en contrebande dans le cadre de ces expéditions et cachées dans des véhicules, et acheminées principalement vers l'UE, principalement la Belgique, la France, l'Allemagne, l'Espagne et les Pays-Bas.
"Le trafic de drogue et le commerce illégal d'armes sont étroitement liés, en particulier en lien avec les réseaux de trafic de cocaïne", a expliqué Europol, puisque les réseaux criminels peuvent échanger des armes contre la drogue et les utilisent pour prendre et maintenir le contrôle sur un marché "lucratif".
Des dizaines de milliers de véhicules et individus ont été contrôlés par des forces de l'ordre et douaniers largement mobilisés pour l'opération. Près de 1.000 lieux ont été perquisitionnés et plus de 2.000 colis ont été contrôlés.
D'autres pays européens ont fourni des renseignements et mené des actions au niveau national. Au total, près de 16.000 agents ont participé aux actions sur le terrain entre le 26 et 29 octobre.
- 'Beaucoup plus de ressources' -
L'opération a été coordonnée par des représentants des forces de l'ordre de différents pays depuis la capitale monténégrine, Podgorica, une première.
Les autorités du petit pays de 620.000 habitants ont déclaré à l'AFP vouloir se montrer en partenaire fiable pour les pays concernés par les problématiques.
Mission réussie selon Martin van der Meij, spécialiste en armes à feu à Europol. "Les résultats sont excellents", a-t-il déclaré à l'AFP.
Autre première : la participation à l'opération de la Moldavie et de l'Ukraine, où des saisies d'armes ont été rapportées, a précisé M. Van Der Meij.
Les développements géopolitiques ont motivé les pays participants à consacrer "beaucoup plus de ressources" aux problématiques ciblées, a estimé auprès de l'AFP Adriana Toston, de la garde civile espagnole.
Cent cinquante-neuf arrestations étaient liées au trafic de migrants, 112 au trafic de drogue, 38 au trafic d'armes à feu et 2 à la traite des êtres humains lors de l'opération, a précisé l'office européen de police.
304 kg d'héroïne, 147 kilos de cannabis, 5.402 plants de marijuana et 1,3 kg de cocaïne ont été saisis.
Mais delà des saisies et des arrestations, l'opération permet aussi d'avoir une vue d'ensemble sur les réseaux criminels, utiles à des futures investigations a souligné Europol à l'AFP. 130 nouvelles enquêtes ont été ouvertes.
E.Mariensen--HHA