Biden, Obama et Trump: choc de titans en Pennsylvanie avant des législatives décisives
Joe Biden, Donald Trump et Barack Obama dans le même Etat américain samedi: à trois jours des législatives de mi-mandat, démocrates et républicains jettent tout leur poids dans la balance en Pennsylvanie, où se mobilisent le président et ses deux prédécesseurs.
Les 44e et 46e locataires de la Maison Blanche affrontent le 45e par meetings interposés dans cet Etat crucial du nord-est des Etats-Unis, avant un scrutin législatif décisif qui posera les fondations de la présidentielle de 2024.
Tous les projecteurs sont braqués sur cet ancien bastion industriel de la sidérurgie, où le chirurgien multimillionnaire républicain Mehmet Oz, adoubé par Donald Trump, affronte le colosse chauve et ancien maire démocrate John Fetterman pour le siège le plus disputé du Sénat.
Car de ce poste de sénateur dépend très possiblement l'équilibre des pouvoirs de cette chambre haute, au pouvoir immense.
Lors des élections de mi-mandat, mardi 8 novembre, les Américains sont également appelés à renouveler l'ensemble des sièges de la Chambre américaine des représentants. Toute une série de postes d'élus locaux, qui décident des politiques de leur Etat en matière notamment d'avortement et de régulation environnementale, sont également en jeu.
- Marée de casquettes rouges -
Joe Biden, qui avait jusqu'ici plutôt évité les estrades de campagnes au profit de levées de fonds pour son parti, va descendre dans l'arène lors d'un grand rassemblement à Philadelphie, berceau historique de la démocratie américaine. En fin d'après-midi, le dirigeant bientôt octogénaire retrouvera sur scène Barack Obama (2009-2017), dont il a été le vice-président, et ses incontestables talents oratoires.
"Il est très important que les démocrates restent" au pouvoir, a dit à l'AFP Jennifer Hahn, psychologue de 57 ans qui faisait une queue longue de centaines de mètres sous un magnifique soleil d'automne pour le meeting de Biden, Obama et Fetterman.
Pour cette sympathisante démocrate, "changement climatique, violence par armes à feu et atteinte aux droits" individuels sont les questions les plus cruciales du scrutin.
M. Obama, 44e président pour qui la nostalgie joue à plein, était samedi midi à Pittsburgh, ville industrielle de Pennsylvanie, où il a demandé au "cousin Pookie" ou l'"oncle Joe" -- surnom affectueux qu'il donne aux électeurs démobilisés -- assis sur leur canapés de se lever et "d'aller voter!" pour les démocrates.
- Obama, "je t'aime!" -
"Je t'aime!", lui a alors lancé quelqu'un dans la foule.
"Je vous aime aussi, mais vous devez voter!", a répondu l'homme politique.
Obama a reconnu que "tout le pays avait traversé des temps difficiles ces dernières années", notamment avec une "pandémie historique".
Mais le père de l'assurance-santé "Obamacare" s'en est pris aux républicains, qui veulent "démembrer la sécurité sociale, l'assurance-maladie et accorder aux riches et aux grandes entreprises davantage de réductions d'impôts".
Dans la soirée, à une soixantaine de kilomètres de là, un autre ex-président, Donald Trump, se mêlera à la marée de casquettes rouges qu'il affectionne pour un événement dans le petit bourg de Latrobe.
Après une campagne acharnée centrée sur l'inflation, les républicains affichent leur confiance dans leurs chances de priver le président démocrate de ses majorités le 8 novembre.
Si leurs pronostics se confirment, le milliardaire républicain semble déterminé à profiter de cet élan pour officialiser au plus vite sa candidature à la présidentielle de 2024, possiblement dès la troisième semaine de novembre.
Avec un air de revanche sur sa défaite de 2020.
"Nous devons retrouver notre pays", lance ainsi Shawn Ecker Grey, 44 ans, débardeur et une casquette grise "Make America Great Again" vissée sur la tête.
Joe Biden, lui, a jusqu'ici dit vouloir se représenter, mais la perspective n'enchante pas tous les démocrates en raison de son âge -- bientôt 80 ans -- et de son impopularité.
- Avortement et inflation -
Le dirigeant démocrate tente de convaincre les Américains que cette élection est "un choix": sur l'avenir de l'avortement ou du mariage homosexuel -- autant de sujets sur lesquels il a promis de légiférer s'il obtient de solides majorités au Congrès.
Le droit fédéral à l'avortement, dynamité par la Cour suprême fin juin, a certes été un thème central de la course en Pennsylvanie. L'organisation de planning familial Planned Parenthood est d'ailleurs plusieurs fois venue prêter main forte à la campagne de Fetterman.
Mais la hausse des prix -- 8,2% en moyenne sur un an -- reste de loin la principale préoccupation des Américains, et les efforts de Joe Biden pour se poser en "président de la classe moyenne" peinent à porter leurs fruits.
"Les démocrates sont inquiets", raillait encore vendredi le républicain Oz, qui a focalisé sa campagne sur l'inflation et d'une criminalité supposément "hors de contrôle".
"La gauche radicale sait que la dynamique est en faveur" des républicains, affirmait-il dans un message à ses partisans.
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F.Schneider--HHA