Hamburger Anzeiger - Mondial et droits humains: Infantino fustige "l'hypocrisie" occidentale

Euronext
AEX -0.83% 875.41
BEL20 -0.62% 4240.76
PX1 -0.51% 7369.61
ISEQ -1.56% 9783.23
OSEBX -1.27% 1414.43 kr
PSI20 -3.27% 6334.18
ENTEC -0.41% 1416.23
BIOTK 0.89% 2876.32
N150 -0.91% 3270.81
Mondial et droits humains: Infantino fustige "l'hypocrisie" occidentale

Mondial et droits humains: Infantino fustige "l'hypocrisie" occidentale

Le patron du football mondial Gianni Infantino a fustigé samedi "l'hypocrisie" des critiques occidentales envers le Mondial qatari qui s'ouvre dimanche, principalement au nom des droits humains, vantant les "progrès" obtenus dans ce domaine par la Fifa.

Taille du texte:

"Donner des leçons de morale -toujours dans le même sens-, c'est simplement de l'hypocrisie", a lancé à la presse le président de l'instance, très offensif à la veille du match d'ouverture entre le Qatar et l'Equateur, après des mois de silence sur les multiples polémiques qui cernent le tournoi.

Dans un monologue d'une heure, le dirigeant de 52 ans a amplement puisé dans son histoire personnelle pour affirmer se "sentir" à la fois "qatari", "arabe", africain", "gay", "handicapé" et même "travailleur immigré", lui qui est né en Suisse de parents venus d'Italie.

Alors que de multiples médias et ONG ont documenté les conditions de travail harassantes sur les chantiers de la Coupe du monde, Gianni Infantino a assuré "savoir ce que c'est que d'être discriminé", parce qu'il a "été harcelé à l'école" en tant qu'enfant "roux et bouclé, avec des taches de rousseur, et qui parlait mal allemand".

"Et quand je suis arrivé à Doha la première fois, je suis allé voir certains de ces logements pour migrants et ça m'a ramené à mon enfance. J'ai dit aux Qataris: +Ce n'est pas correct, il faut faire quelque chose à ce sujet+", a-t-il raconté.

- L'Europe "devrait s'excuser" -

Le patron de la Fifa a ainsi évoqué les "progrès" obtenus ces dernières années pour les travailleurs au Qatar -salaire minimum d'environ 280 euros par mois, abolition du système de parrainage qui empêchait les employés de quitter le pays, indemnisations pour les salaires non payés et les accidents.

"Parmi les entreprises occidentales présentes ici, combien se sont préoccupées des droits des travailleurs migrants? Aucune. Parce qu'un changement de législation implique moins de bénéfices. Mais nous l'avons fait", a argué le dirigeant.

Plus largement, il a jugé "profondément injustes" les critiques adressées au Qatar, estimant "qu'au moins le pays avait créé des voies légales" pour que des travailleurs étrangers viennent gagner leur vie, quand "très peu survivent" en essayant de rejoindre l'Europe.

"Pour ce que nous, les Européens, avons fait au cours des 3.000 dernières années, nous devrions nous excuser pour les 3.000 prochaines années avant de donner des leçons de morale aux autres", a-t-il encore proclamé.

Enfin, il a évoqué les articles parus dans plusieurs pays, Espagne, Angleterre, France, décrivant comme de "faux supporters" les fans d'Asie du sud affichant leur soutien à des équipes prenant part au Mondial. "C'est du racisme pur. Chacun dans le monde a le droit d'encourager qui il veut."

Quant à la volte-face des autorités qataries qui ont subitement interdit vendredi la vente d'alcool à proximité des stades, elle a été balayée d'un revers de main par le Suisse: "Je pense personnellement qu'on peut survivre sans bière pendant trois heures. Et de fait, les mêmes règles s'appliquent en France, en Espagne, en Ecosse."

- "Pas une guerre" -

Il a présenté cette décision comme "conjointe", et visant à renforcer la "sécurité" alors que la concentration des matches à Doha -inédite pour un tournoi habituellement disséminé dans des pays hôtes bien plus vastes- implique d'importants flux de supporters.

Au-delà de la consommation d'alcool, plusieurs associations de supporters se sont inquiétées de ce revirement. Comment être certain qu'il n'y en aura pas sur d'autres sujets? Que se passera-t-il si des supporters étrangers arborent les couleurs arc-en-ciel ou si des couples affichent des marques d'affection, dans ce pays conservateur où l'homosexualité et les relations sexuelles hors mariage sont pénalisées?

"Tout le monde est le bienvenu, c'est notre exigence", a martelé Gianni Infantino, alors que son directeur de la communication Bryan Swanson a bouclé la conférence de presse en se présentant "comme un homme gay, ici au Qatar".

Plusieurs sélections occidentales ont répété leur intention d'évoquer les droits humains pendant leur séjour au Qatar: les fédérations anglaise et allemande se disent prêtes à payer d'éventuelles amendes infligées par la Fifa, les Américains veulent pavoiser leur camp de base d'un drapeau multicolore, et les capitaines de huit sélections entendent porter un brassard inclusif.

De son côté, la Fifa a annoncé samedi des "campagnes" à chaque étape du tournoi autour de mots d'ordre comme #SaveThePlanet, #ProtectChildren, #EducationForAll ou #NoDiscrimination, mais n'a pas clairement annoncé comment elle réagirait à des brassards ou messages dissidents.

Manuel Neuer, le gardien et capitaine de l'Allemagne, a lui clairement réaffirmé samedi qu'il porterait le brassard "One love" afin de promouvoir la diversité et l'inclusion, avec le soutien de sa Fédération.

"Ne divisez pas, le monde est suffisamment divisé. Nous organisons une Coupe du monde, pas une guerre", a exhorté Gianni Infantino, alors que la plupart des 32 équipes sont arrivées. Le Brésil, attendu dans la nuit de samedi à dimanche, sera la dernière sélection à atterrir au Qatar, avec sans doute des milliers de supporters pour accueillir Neymar et Cie.

E.Borstelmann--HHA