Trump à nouveau confronté au puissant attrait de Twitter
Résistera-t-il, en pleine campagne pour 2024, à l'attrait de cette gigantesque caisse de résonance qu'est Twitter, à ce réseau avec lequel il est, au fond, si intimement lié? Donald Trump, dont le compte a été rétabli par Elon Musk, dit pour l'instant préférer son réseau Truth Social.
Au terme d'un sondage qui a vu se dégager une majorité en faveur du rétablissement du compte de l'ancien président républicain - 51,08% sur quelque 15 millions de votes - le nouveau patron de Twitter, qui se présente en défenseur de la liberté d'expression, est passé à l'acte samedi.
Tous les yeux sont rivés depuis sur le compte @realDonaldTrump, à l'affût de la moindre activité. Ce compte attribué au "45ème président des Etats-Unis d'Amérique" est doté de la désormais fameuse vignette sur fond bleu censée garantir qu'il a été vérifié.
Il n'affichait pas de nouvelle publication, du moins dimanche autour de 16h00 GMT. Le dernier message date du 8 janvier 2021, le milliardaire y fait savoir qu'il n'ira pas à la cérémonie d'investiture du président Joe Biden, dont il ne reconnaît pas l'élection.
Le même jour, Twitter avait fermé de manière permanente le compte de l'ancien président, comptant alors 88,8 millions d'abonnés, face au "risque de nouvelles incitations à la violence".
La plate-forme l'avait déjà suspendu le 6 janvier, après l'envahissement du Capitole par ses partisans.
- Fluctuations -
On observait dimanche des fluctuations importantes dans le nombre d'abonnées, qui a fortement augmenté jusqu'à atteindre 83 millions vers 15h30 GMT, tandis que le nombre de comptes suivis est passé de zéro à 49.
Mais impossible de savoir ce que veut dire cette augmentation du nombre d'abonnés, impossible aussi de savoir si quelqu'un agit réellement sur le compte: Twitter, en pleines convulsions depuis son acquisition fracassante par Elon Musk, n'a plus de service de communication.
Par ailleurs le compte attribué à l'ancien président renvoie désormais vers un site proposant de contribuer financièrement à la campagne tout juste lancée par Donald Trump pour 2024.
Impossible là aussi de savoir comment ce lien a été mis en place, et par qui.
Samedi, alors que le sondage sur Twitter était toujours en cours - et qu'une majorité se dégageait déjà en faveur de son retour - Donald Trump avait appelé sur Truth Social ses partisans à voter en sa faveur.
Mais il avait aussi écrit: "Nous n'allons nulle part. Truth Social est spécial"
- Candidature -
Donald Trump, qui avait comme personne su utiliser Twitter pendant sa présidence pour dicter l'agenda médiatique, en bombardant la plate-forme de déclarations virulentes et d'annonces choc du matin au soir, pourra-t-il résister au gazouillis de l'oiseau bleu?
Surtout après une annonce de candidature qui n'a pas, loin de là, créé l'élan escompté.
Dimanche, son compte Twitter comptait donc quelque 83 millions d'abonnés vers 15h30 GMT - impossible de savoir combien sont des humains et combien des "bots", des comptes automatisés - contre 4,48 millions sur Truth Social.
L'ancien président s'est lancé dans la course juste après les élections de mi-mandat, qui n'ont pas tourné pour les républicains à la "vague" escomptée, et qui ont conduit nombre de conservateurs à prendre leurs distances avec Donald Trump.
Parmi eux l'ancien vice-président Mike Pence, considéré comme un concurrent potentiel pour l'investiture républicaine, a dit dimanche sur CBS qu'il y "aura de meilleurs choix" que l'ancien président. Il a appelé de ses voeux une candidature conservatrice susceptible "d'unifier" le pays, porteuse de "respect et de courtoisie."
Dans une étude publiée le 18 novembre, l'institut de recherches Pew Research Center conclut que 27% des Américains disent avoir entendu parler de Truth Social, mais que seulement 2% l'utilisent pour s'informer - contre 14% pour Twitter et 31% pour Facebook, dont Donald Trump est à l'heure actuelle écarté.
Les chercheurs expliquent aussi que sur 200 comptes de Truth Social particulièrement en vue, 49% expriment soit une orientation politique de droite soit un soutien à Donald Trump. En clair, une chambre d'écho pour des partisans déjà acquis aux idées de l’ancien président.
F.Fischer--HHA