Hamburger Anzeiger - A Taïwan, les candidats aux élections brandissent des légumes pour attirer la chance

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A Taïwan, les candidats aux élections brandissent des légumes pour attirer la chance
A Taïwan, les candidats aux élections brandissent des légumes pour attirer la chance / Photo: Sam YEH - AFP

A Taïwan, les candidats aux élections brandissent des légumes pour attirer la chance

Pas de bébé dans les bras, mais des légumes: a Taïwan, les politiciens désireux de conquérir de nouveaux électeurs posent avec de gros radis blancs ou des bottes d'ail frais dans l'espoir que cela leur porte chance.

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L'origine de cette coutume repose sur l'intérêt des Taïwanais pour les homonymes - des mots ayant la même prononciation mais plusieurs significations.

La culture politique de l'île démocratique de 23 millions d'habitants est empreinte de symboles porte-bonheur et de superstition. Les candidats n'hésitent pas à se tourner vers un maître feng-shui pour connaître le meilleur emplacement pour leur QG de campagne ou le jour idoine pour son inauguration.

L'ail (suan) est particulièrement prisé, sa prononciation signifiant "choisi". Mais le radis blanc (tsai-tao) est le grand gagnant car se prononçant comme "bonne chance", et l'ananas (ong-lai) comme "la prospérité arrive".

Ke Chiong-shu, une commerçante de 60 ans, vend des légumes sur un marché de Taipei où se sont rendus de nombreux candidats aux élections locales de samedi.

L'AFP a ainsi vu l'ancien ministre de la Santé Chen Shih-chung, candidat à la mairie de Taipei, l'un des postes les plus importants à pourvoir lors de ce scrutin, prendre des radis et de l'aïl frais à cette commerçante.

"J'espère que vous serez élu", lui a-t-elle lancé, au moment où le prétendant à la mairie de la capitale, brandissait fièrement ses légumes à la foule.

"J'en donne à tous les candidats, quelle que soit leur couleur politique", explique Mme Ke.

Après avoir tourné la page de décennies de loi martiale en 1987, Taïwan est devenue l'une des démocraties les plus dynamiques et progressistes d'Asie. De quoi inquiéter la Chine voisine, qui considère l'île comme faisant partie de son territoire et qui a juré d'en reprendre le contrôle, par la force si nécessaire.

L'île donne presque l'impression de vivre au rythme des campagnes électorales.

Les élections présidentielle et législatives ont lieu tous les 4 ans. Entre les deux se tiennent des scrutins locaux pour élire notamment les maires des grandes villes et des chefs de village.

Les habitants sont aussi régulièrement appelés à se prononcer par référendum sur des questions constitutionnelles.

Les élections de samedi, par exemple, comprennent un référendum sur l'abaissement de l'âge du droit de vote de 20 à 18 ans.

- Un message à la Chine -

"Ce qui caractérise les élections locales à Taïwan c'est à quel point les choses sont personnalisées", a souligné auprès de l'AFP le politologue Lev Nachman.

Salutations, échange de poignées de main ou même simple inclinaison de la tête peuvent aussi grandement contribuer à recueillir le soutien d'un candidat.

"Les électeurs plus âgés aiment voir leurs politiciens sur les marchés et tôt le matin dans les rues", selon ce spécialiste de la politique électorale taïwanaise.

Depuis l'arrivée de la présidente Tsai Ing-wen au pouvoir, Pékin a coupé les communications officielles avec l'île, intensifié ses exercices militaires, durci les pressions économiques et arraché à Taïwan sept de ses alliés diplomatiques.

Le Parti démocratique progressiste (PDP), auquel appartient la présidente réélue en 2020, considère Taïwan comme une nation souveraine de facto.

L'opposition est dominée par le parti du Kuomintang plus favorable à un rapprochement avec la Chine.

Les tensions entre Taipei et Pékin ont atteint leur niveau le plus élevé en août, après la visite de Nancy Pelosi - figure politique américaine - à laquelle Pékin a rétorqué par de gigantesques manoeuvres militaires.

Mais la menace d'un conflit ne semble pas au centre des préoccupations du prochain scrutin.

"Même si nous venons de vivre ces manoeuvres militaires intenses en août, les candidats locaux n'en parlent pas vraiment", souligne M. Nachman. "Au lieu de cela, il s'agit beaucoup plus d'attaquer les adversaires en fonction (...) de leur caractère", a-t-il ajouté.

Néanmoins, Lin Pei-ying, 36 ans, une candidate du PDP, se dit convaincue que l'engagement de son parti à maintenir le mode de vie démocratique de Taïwan influencera toujours les décisions des électeurs.

"Nous envoyons un message à la Chine", a-t-elle déclaré à l'AFP. "Taïwan est Taïwan, la Chine est la Chine".

Th.Frei--HHA