Discrimination chez les pompiers de Londres: un syndicat "sceptique" sur les changements promis
Le syndicat des pompiers britanniques s'est dit samedi "sceptique" sur les changements promis par le commandement des pompiers de Londres après qu'un rapport a dénoncé "une misogynie et un racisme institutionnels" au sein de l'organisation.
"Nous avons depuis longtemps exprimé nos inquiétudes sur beaucoup des problèmes soulevés par ce rapport, et nous restons donc sceptiques sur les changements que les responsables mettront en place concernant leurs propres comportements", a réagi le syndicat des pompiers Fire Brigades Union (FBU) dans un communiqué.
La brigade des pompiers de Londres (LFB) est mise à mal par un rapport indépendant dénonçant le racisme, la misogynie et le harcèlement dont ont souffert de nombreux pompiers dans ses rangs.
Il recense de nombreux témoignages de membres actuels ou anciens de la brigade.
Parmi les extraits cités par des médias britanniques, figurent les exemples d'un pompier musulman à qui des collègues mettaient du bacon et de la saucisse dans les poches de son manteau, d'une femme dont le casque avait été rempli d'urine, une autre que ses collègues masculins moquaient à propos de son poids en imitant le bruit d'un camion qui recule, ou encore celui d'un pompier noir ayant retrouvé un noeud coulant sur son casier.
Pour le syndicat FBU, "le rapport montre que les agents craignaient les conséquences s'ils s'exprimaient", ajoute-t-il.
"Il n'y a pas de place pour la discrimination, le harcèlement et l'intimidation dans la brigade et à partir d'aujourd'hui, il sera parfaitement clair pour les agents quels comportements sont inacceptables et quelles seront les conséquences", a réagi vendredi soir le chef de la LFB Andy Roe, qui veut "reconstruire la confiance parmi ses agents et avec les communautés que nous sommes là pour servir".
Conformément à la vingtaine de recommandations du rapport, il entend mettre en place une "tolérance zéro" avec des sanctions immédiates, une meilleure prise en compte des témoignages d'éventuels mauvais comportements, l'obligation pour les agents de porter des caméras sur eux lorsqu'ils se déplacent chez les gens, et des formations pour sensibiliser les responsables de la brigade.
L'enquête doit être un "moment décisif" pour les pompiers, avait aussi réagi vendredi soir le maire de Londres Sadiq Khan, en qualifiant d'"odieux" les faits rapportés.
- "Enquête nationale" nécessaire -
Samedi, le responsable de l'enquête sur la LFB, l'ancien procureur Nazir Azfal, a indiqué avoir été approché depuis les révélations de son rapport par plusieurs personnes travaillant dans d'autres organisations publiques et se plaignant de faits similaires.
"J'ai été approché, cela peut paraître choquant, par (des personnes) de la BBC et (...) du NHS", le système de santé public, a-t-il déclaré.
Il a appelé à la création d'une "enquête nationale, en particulier concernant la misogynie, car c'est un problème qui n'a pas eu l'attention qu'il mérite".
Avant les pompiers de Londres, un rapport avait dénoncé le mois dernier un racisme "institutionnel" au sein du système judiciaire, se traduisant dans les décisions rendues et dans l'absence de diversité au sein des professions de justice.
Ces deux enquêtes rappellent le scandale qui avait éclaboussé la police de Londres à la fin des années 1990, avec la publication en 1999 d'un rapport qui avait aussi pointé un racisme institutionnel en son sein.
Depuis, la police de Londres continue d'être régulièrement épinglée pour des affaires de racisme et de discrimination.
L.Keller--HHA