La tension monte à Ottawa entre la police et les contestataires restants
La police a musclé ses efforts samedi pour déloger les centaines de camionneurs qui paralysent encore le centre d'Ottawa, protestant depuis plus de trois semaines contre les mesures sanitaires.
Après une nuit marquée par des heurts et plus d'une centaine d'arrestations, la tension est montée d'un cran devant le Parlement canadien.
La police qui encerclait les manifestants et détruisait les vitres de camions afin de mettre fin à leur longue occupation de la capitale, a fait face à des jets de fumigènes et une chaîne humaine.
La police d'Ottawa a assuré de son côté ne pas avoir utilisé de gaz contre les protestataires, mais a réitéré son ultimatum.
"Nous vous avons dit de partir. Nous vous avons donné le temps de partir. Nous avons été lents et méthodiques, mais vous vous êtes montrés agressifs envers les agents et les chevaux", ont tweeté les autorités de cette ville d'ordinaire très calme dans la matinée.
"Compte tenu de votre comportement, nous ajustons notre équipement pour inclure des casques et des matraques pour notre sécurité", ont-ils ajouté.
Quelques instants avant un nouvel assaut de la police, les manifestants toujours sur place nettoyaient leurs pancartes recouvertes de neige dénonçant les mesures sanitaires liées au Covid-19. D'autres essayaient de se réchauffer près d'un feu de camp sous les klaxons frénétiques des camions encore présents.
"Je ne pars pas", assure Johnny Rowe auprès de l'AFP, balayant d'un revers de la main les risques d'arrestation.
"Il n'y a pas de retour en arrière possible", dit-il. "Tout le monde ici, moi inclus, a vu sa vie détruite par ce qu'il s'est passé ces deux dernières années".
La veille plus de 100 personnes ont été arrêtées, dont trois figures du mouvement de contestation, et une vingtaine de véhicules remorqués.
Les autorités ont annoncé samedi avoir arrêté plusieurs personnes munies de feux d'artifices et de fumigènes.
De nombreux camionneurs ont aussi choisi de partir d'eux-mêmes et d'enlever leur poids lourd des rues.
"Je pars aujourd'hui", lance Vince Green qui explique devoir retourner à Calgary dans l'Alberta pour s'occuper de ses enfants. Sa femme infirmière a perdu son emploi, dit-il, en raison de son refus de se faire vacciner.
Minimisé au départ par les autorités, ce mouvement dit "Convoi de la liberté", initié fin janvier, est parti de camionneurs protestant contre l'obligation d'être vaccinés pour passer la frontière entre le Canada et les Etats-Unis.
Mais les revendications se sont étendues à un refus de l'ensemble des mesures sanitaires et, pour de nombreux manifestants, à un rejet du gouvernement de Justin Trudeau.
- Reprise des débats au Parlement -
Après une journée de fermeture exceptionnelle due au contexte sécuritaire, le Parlement a repris samedi ses travaux autour de l'utilisation de la loi sur les mesures d'urgence décrétée par le Premier ministre canadien, qui a par ailleurs convoqué samedi une réunion de crise.
La chambre examine depuis jeudi la mise en œuvre de cette loi invoquée lundi par Justin Trudeau pour mettre un terme aux blocages "illégaux" en cours dans le pays.
C'est seulement la deuxième fois que cette disposition est utilisée en temps de paix, et elle est très contestée par l'opposition conservatrice.
Justin Trudeau a assuré que la loi ne serait pas utilisée pour envoyer l'armée contre les manifestants ou limiter la liberté d'expression.
Le but est simplement "de faire face à la menace actuelle et de maîtriser pleinement la situation", avait-il affirmé en fin de semaine.
"Les blocus et les occupations constituent une menace pour notre économie et nos relations avec nos partenaires commerciaux", avait-il encore précisé.
H.Brunner--HHA