Partygate : mea culpa de Boris Johnson, critiqué pour ses "erreurs de leadership"
Le Premier ministre Boris Johnson a présenté lundi ses excuses et promis de tirer des leçons des erreurs commises, après avoir été sérieusement rappelé à l'ordre dans un rapport sur de multiples fêtes à Downing Street pendant le confinement qui ont choqué l'opinion.
"Je suis désolé pour les choses que nous n'avons tout simplement pas bien faites", a déclaré le chef du gouvernement conservateur, tentant de sauver la situation face au scandale.
Également visé par une enquête de police pour ces événements, Boris Johnson, 57 ans, a fait son mea culpa devant les députés réunis à la chambre des Communes, assurant "comprendre la colère" des Britanniques.
"Je comprends et je vais y remédier. Je veux dire aux habitants de ce pays que je sais quel est le problème", a poursuivi le Premier ministre. "Vous !", lui ont rétorqué des députés travaillistes, dans une ambiance houleuse.
Le chef du gouvernement lutte pour garder son poste. Sa popularité s'est effondrée dans les sondages et la publication lundi du rapport rédigé par la haute fonctionnaire Sue Gray l'a un peu plus accablé, celle-ci ayant dénoncé "des erreurs de leadership et de jugement" à Downing Street où "un certain nombre de ces rassemblements n'auraient pas dû être autorisés".
Sue Gray déplore notamment une "consommation excessive d'alcool" et souligne que le jardin de la résidence du Premier ministre a été utilisé pour "des rassemblements sans autorisation claire ou sans surveillance", ce qui "n'était pas approprié".
"Je pense qu'il n'est pas apte à être Premier ministre, il devrait démissionner", a jugé Sarah, employée du service public de santé, interviewée par l'AFP à Londres.
Tom, qui travaille dans la finance estime lui que "cela ne sert à rien de s'attarder sur la question, il ne va pas démissionner et je suppose qu'il y a des choses plus importantes à faire maintenant."
- "Pris pour des idiots" -
Outre le rapport de la haute fonctionnaire, qui s'est penchée sur seize événements - pots de départ, garden parties, fêtes de Noël ou d'anniversaire - organisés en 2020 et 2021 à la résidence du Premier ministre, la police doit rendre ses conclusions sur plusieurs de ces fêtes, potentiellement les plus dommageables.
La police métropolitaine de Londres (la "Met") enquête sur des événements qui se seraient produits à huit dates, entre mai 2020 et avril 2021. Parmi ceux-ci, un rassemblement le 20 mai 2020 dans les jardins de la résidence du Premier ministre - qui avait reconnu y avoir participé tout en affirmant penser qu'il s'agissait d'une réunion de travail - et une fête d'anniversaire surprise en son honneur le 19 juin 2020.
La Met a dit dans un communiqué avoir reçu plus de 300 images et 500 pages d'informations.
Pour ne pas compromettre cette enquête qui pourrait durer des mois, Sue Gray a expliqué qu'elle n'avait pu faire qu'"une référence minimale" à ces rassemblements.
Son rapport a donc été expurgé d'éléments clés, ce qui a provoqué l'indignation.
Un porte-parole de Downing Street a assuré qu'"à la fin du processus, le Premier ministre demandera à Sue Gray d'actualiser son travail à la lumière de ce qui sera établi".
Ces conclusions finales seront déterminantes pour Boris Johnson.
Les partis de l'opposition et certains membres du camp conservateur du Premier ministre réclament d'ores et déjà son départ.
Il "nous a tous pris pour des idiots", a dénoncé le chef du parti travailliste, Keir Starmer.
Le critiquant pour son refus de démissionner, M. Starmer a appelé les membres du parti conservateur à "mettre fin à cette farce" en déclenchant un vote de défiance.
Des députés conservateurs ont déjà publiquement appelé leur leader à la démission. D'autres attendaient la publication du rapport Gray pour se décider.
Lundi, l'ancienne cheffe du gouvernement conservatrice, Theresa May, a elle-même sèchement critiqué son successeur, lui demandant s'il "n'avait pas lu les règles, s'il ne comprenait pas ce qu'elles signifiaient ou s'il pensait que les règles ne s'appliquait pas à Downing Street".
Dans une ambiance particulièrement tendue, le chef du parti national écossais au parlement, Ian Blackford, a quant à lui été prié de quitter la chambre des Communes pour avoir refusé de retirer des accusations proférées contre Boris Johnson.
Pour tenter de faire oublier les scandales, le Premier ministre a déclenché une contre-offensive, annonçant lundi un projet de loi lié au Brexit, et haussant le ton face à la Russie.
A.Baumann--HHA