Tennis: après 40 ans de show sur le court et dans la salle, des adieux mitigés à Bercy
"Comme une ambiance de Coupe Davis": comme Yannick Grumet, le public de Bercy s'est enflammé une dernière fois dimanche au Masters 1000 de Paris derrière le N.1 Ugo Humbert, une fête brutalement écourtée par le victoire express de l'Allemand Alexander Zverev.
"J’ai toujours bien aimé cette salle", raconte à l'AFP ce responsable d'un magasin de vêtements venu assister en famille au tout dernier match dans la salle de l'est parisien avant le déménagement du tournoi à Nanterre prévu en 2025.
"C’est un peu une ambiance de Coupe Davis, le public est proche du joueur", apprécie-t-il. La mise en scène, le son, la lumière c’est une plus-value à l’affiche", poursuit-il, paquet de pop-corn sur les genoux.
Car Bercy est avant tout un spectacle, tant sur le court que dans la salle.
Avant le début de la finale, les spectateurs sont plongés dans le noir, pour un ultime show d'entrée signature du tournoi parisien. Quelques dizaines de mètres au-dessus du court, sur un écran géant, les meilleurs moments de cette dernière semaine à Bercy, après près de 40 ans d'histoire commune entre la salle et le tournoi, défilent.
Soudain, la musique retentit plus fort et le public se lève pour ovationner Humbert à son entrée sur le court. Le N.1 tricolore jaillit du tunnel multicolore quelques instants avant Zverev.
"On voulait que cette édition soit une célébration et je pense que c’est le cas", se satisfait le directeur du tournoi Cédric Pioline. "Par rapport non seulement au tableau et à la manière dont il a évolué", mais aussi du point de vue de la "ferveur" et de "l'engouement" qu'il a constaté "tout au long de la semaine, avec des matches très attractifs et des tribunes pleines".
- "J’appréhende Nanterre" -
Il faut dire qu'Ugo Humbert, premier finaliste français au Masters 1000 de Paris depuis Jo-Wilfrid Tsonga, était le joueur idéal pour offrir des adieux en apothéose à Bercy.
Tambour, perruque tricolore, affiches à l'effigie du gaucher messin: dans les gradins, les membres de la "Tribune bleue" n'auraient manqué l'évènement pour rien au monde.
"Humbert, c'est un joueur qui montre beaucoup ses émotions, on a l'impression qu'il est avec nous", s'enthousiame Arthur Colin, étudiant et habitué de la salle parisienne.
À chaque pause, les plus de 15.000 spectateurs font monter le niveau sonore en entonnant à pleine voix des "Ugo", ponctués de coups de tambour et d'applaudissements.
Mais dès que le jeu reprend, le silence revient aussi vite qu’il est parti, le public étant comme assommé par la domination écrasante d'Alexander Zverev.
Malgré les innombrables "Let's go Ugo, let's go", le chouchou du public s'incline sèchement (6-2, 6-2) au bout d'une heure et quart de combat face au grand Allemand (1,97 m).
Malgré le résultat, "c'était cool", savoure la star du rugby Antoine Dupont à la sortie du match.
Le Toulousain a côtoyé du beau monde en tribune présidentielle, de l'ancien vainqueur français à Bercy Guy Forget au multimédaillé olympique de natation Florent Manaudou en passant par le gardien du PSG Gianluigi Donnarumma.
"On est venu encourager notre petit Français", dit à l'AFP Antoine Dupont. "Ça a été dur mais bon, il a fait une très belle semaine, on est fier de lui quand même", le congratule le champion olympique de rugby à VII.
Qu'attendre désormais comme ambiance en 2025?
Arthur Anger, fan de tennis venu faire dimanche ses adieux à Bercy, "appréhende Nanterre".
"J’ai peur que ce soit un peu plus aseptisé. (...). Je n’ai connu que ça (Bercy, NDLR). Le son est excellent, la salle et l’entrée des joueurs sont top. C’est un beau spectacle. J’espère qu’il y aura la même chose" à La Défense Arena, conclut-il.
E.Mariensen--HHA