Hamburger Anzeiger - Sur une île sud-coréenne, la crainte de la guerre

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Sur une île sud-coréenne, la crainte de la guerre
Sur une île sud-coréenne, la crainte de la guerre / Photo: Jung Yeon-je - AFP

Sur une île sud-coréenne, la crainte de la guerre

Jung Chang-kuan a cru que la guerre avait éclaté sur son île sud-coréenne de Yeongpeong, dont les eaux ont été ciblées vendredi par des tirs d'obus d'artillerie venus de Corée du Nord, lui rappelant le traumatisme de la destruction de sa maison en 2010.

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A l'époque, les tirs nord-coréens avaient touché l'île, proche des côtes nord-coréennes. L'attaque, qui avait tué quatre personnes, constituait le premier incident de ce type depuis la guerre de Corée de 1950-1953.

Vendredi, les souvenirs de 2010 hantaient Jung Chang-kuan, 70 ans, tandis qu'il courrait en direction d'un abri avec sa famille.

A l'intérieur du refuge, cependant, "on n'avait pas peur, affirme-t-il. Au contraire, tous les habitants étaient là et ont discuté ensemble car ils ne s'étaient pas vus depuis longtemps".

Par contraste, l'attaque de 2010 avait détruit tous les biens de sa famille. "Les obus pleuvaient, la fumée s'échappait, et tout était en flammes", raconte-t-il

Vendredi, les plus de 200 obus tirés près de deux îles sud-coréennes n'ont fait ni victime ni dégâts, selon Séoul.

Samedi, la Corée du Nord a tiré 60 autres obus près de Yeongpeong, a indiqué l'armée sud-coréenne qui a appelé Pyongyang à cesser immédiatement "les actions qui accroissent les tensions" le long de la frontière maritime.

- Abris toujours ouverts -

Yeonpyeong, qui compte environ 2.000 habitants, se trouve à moins de douze kilomètres des côtes nord-coréennes et à seulement 42 km environ de la ville nord-coréenne de Haeju.

Par temps clair en automne, la gare de Haeju, ainsi que les panaches de fumée s'élevant des usines de la ville, peuvent être aperçus depuis le sommet d'une colline de Yeonpyeong.

L'île dispose d'une dizaine d'abris.

"Les portes des abris sont toujours ouvertes pour que les gens puissent y trouver refuge dès que c'est nécessaire", déclare à l'AFP un responsable de Yeonpyeong, réfugié vendredi dans l'un d'entre eux avec 200 autres personnes.

Les rues de Yeonpyeong étaient calmes tôt samedi, retrouvant leurs passants et cyclistes tandis qu'on pouvait apercevoir des soldats dans les salons de coiffure.

"J'ai toujours à l'esprit que l'île de Yeonpyeong est un endroit tendu en mer de l'Ouest", confie un coiffeur, qui a requis l'anonymat.

"Si on nous demande de rejoindre un refuge, nous suivons les instructions. Il n'y a pas de raison de s'inquiéter outre mesure. Demain c'est demain, et aujourd'hui c'est aujourd'hui", ajoute-t-il, philosophe.

Kim Na-yeon, une habitante de 69 ans, se montre moins impavide. Selon elle, de nombreuses femmes de son âge sont restées traumatisées par les bombardements de 2010 et ont eu, comme elle, très peur vendredi.

"J'étais anxieuse et je ne savais pas si je devais aller dormir ou non", dit-elle à l'AFP.

En raison de sa situation géographique, environ 30% des habitants de l'île sont des réfugiés venus de la province de Hwanghae en Corée du Nord.

"J'ai hâte de fouler les terres de ma ville natale, où repose ma mère", peut-on lire sur une sculpture de l'île, en souvenir des familles séparées par la guerre de Corée.

Pour cette raison, et malgré la destruction de sa maison en 2010, Jung Chang-kuan affirme n'avoir aucune rancune envers les Nord-Coréens. "Encore aujourd'hui, je ressens de la compassion envers le peuple nord-coréen", assure-t-il. "Et j'ai la volonté de les aider."

A.Baumann--HHA